Une actrice new-yorkaise en vacances au Texas tombe amoureuse d’un homme qui fut accusé d’avoir tué sa femme.
Un scénario capillotracté qui eut mieux convenu à Hitchcock qu’à Vidor, malgré les beaux paysages texans.
Une actrice new-yorkaise en vacances au Texas tombe amoureuse d’un homme qui fut accusé d’avoir tué sa femme.
Un scénario capillotracté qui eut mieux convenu à Hitchcock qu’à Vidor, malgré les beaux paysages texans.
Un vieil ébéniste vivant sur un bateau recueille un orphelin…
L’artifice du dénouement déçoit mais The Jack-Knife man est un beau film dans la lignée de Mark Twain. La vie au grand air, la solidarité entre marginaux et les familles qui se composent et se décomposent au gré de circonstances plus ou moins dramatiques sont filmées avec tendresse dans un sympathique cadre fluvial et forestier. Un soupçon de cruauté, qui trouve son expression la plus acérée dans le contrapuntique dernier plan, fait que jamais le film ne sombre dans la mièvrerie.
Un écrivain new-yorkais en panne d’inspiration retourne dans sa propriété familiale du Connecticut et la vend à des voisins paysans d’origine polonaise.
Après un début un peu anodin, le déroulement de la romance déjoue les attentes: l’épouse, notamment, surprend par sa dignité. Le virage mélodramatique de la fin est traité avec un lyrisme sublime digne de Frank Borzage. Ce basculement de tonalité met en exergue le sujet profond d’un film qui jusqu’ici manquait d’unité: la tragédie de l’écrivain qui vampirise les autres sans s’y mêler jamais vraiment. La grandeur pathétique de Gary Cooper est la même que dans L’adieu aux armes. Ce qui, me concernant, n’est pas peu dire. Bref, même si la confrontation culturelle qu’il orchestre est parfois caricaturale, The wedding night est un des beaux films méconnus de King Vidor.
Après s’être séparée de son mari, une new-yorkaise retourne à la ferme de son grand-père…
Ce retour à la terre manque du lyrisme géorgique propre à King Vidor (la brutalité des raccords après certaines images bucoliques laisse penser que la MGM a massacré le film au montage) mais les rapports entre la citadine et les paysans, loin d’être univoques, sont retranscrits avec justesse et cruauté tandis que Lionel Barrymore, grand cabotin s’il en fut, assure le spectacle. Pas mal.
Une jeune femme à l’esprit romanesque qui souffre de ne pas avoir la considération amicale de son mari quitte son foyer pour mener une carrière dans le spectacle.
Il est à noter que, sur cinq bobines, la deuxième a été perdue. Avec son appréhension réaliste de la vie de couple et du paysage urbain, la première partie est la plus intéressante. La suite -l’ascension d’une danseuse dans une troupe de music-hall- semble plus convenue aux yeux d’un spectateur de 2017. Florence Vidor s’avère une actrice jolie et lumineuse. Le dénouement n’est pas réactionnaire mais conforme à la logique des sentiments dans le couple. Bref, The real adventure est un opus mineur mais plutôt réussi de l’auteur de La foule.
De la fin du XIXème siècle jusqu’à Pearl Harbor, l’ascension d’un immigré originaire d’Europe centrale dans l’industrie américaine.
En raison d’une mauvaise distribution consécutive à un échec inattendu au box-office américain, An American Romance demeure un des chefs d’oeuvre méconnus de l’âge d’or hollywoodien. Rarement l’éloge de la nation américaine aura été plus consciemment mis en oeuvre que dans cette fresque entreprise par King Vidor au lendemain de Pearl Harbor. Sa particularité est d’incarner le message patriotique aussi bien dans le classique récit d’ascension sociale que dans une vue transversale du pays avec de nombreux passages simili-documentaires sur l’extraction du fer dans le Minnesota, la fusion de l’acier à Chicago ou encore l’assemblage des voitures à Detroit, passages qui enracinent littéralement le génie de la nation.
Là, la poésie plastique de Vidor, servie par le Technicolor de Natalie Kalmus, se déploie magnifiquement. Avec ses images inoubliables d’avions s’accumulant dans des hangars aux teintes bleutées, An American Romance fait figure, au sein de l’oeuvre de son auteur, de chef d’oeuvre froidement flamboyant.
A l’abri du poison du doute qui instille la décadence, chaque plan rayonne de vigueur, de santé et de conviction. Si la propagande apparaît ici comme une vérité révélée et non comme un mensonge grossier, c’est parce que ses auteurs l’ont inscrite dans un cadre réaliste avec droiture et honnêteté (à l’exception toutefois de la tirade de l’institutrice à son futur mari). Ainsi, parce que la dialectique de l’Histoire y est mieux appréhendée que dans 99% des films prétendument marxistes, cette ode au capitalisme prend-elle parti contre son héros et pour les syndicats.
Parce que le génie américain s’appuie sur le génie de l’homme et qu’il ne cherche pas à modeler celui-ci suivant une idéologie constructiviste, An American Romance ne souffre pas des artifices lourdauds de la propagande nazie ou bolchevique. Il ne cherche jamais à abolir les facultés de discernement du spectateur avec un montage accéléré, des caricatures avilissantes ou des symboles pompiers. Pour King Vidor, exalter l’Oncle Sam, c’est aussi exalter, dans des scènes émouvantes, la solidarité ouvrière ou l’apprentissage de la lecture par l’immigré.
Chantre de la civilisation de la liberté individuelle, il ne peut perdre de vue l’individu, donc l’humain. D’où la robustesse d’une oeuvre où la mise en scène, c’est à dire l’établissement des multiples rapports entre un homme et le monde qui l’entoure, est portée à son plus haut degré d’incandescence. Un anti-américain (que ce soit façon Besancenot ou façon de Benoist) qui ne mettrait pas de l’eau dans son vin après la vision de cette merveille au lyrisme lumineux serait, je pense, le dernier des connards.
En province, l’ambitieuse épouse d’un homme parti travailler à New-York subit, avec sa fille, l’ostracisme progressif de la communauté.
Dans le rôle-titre, Barbara Stanwyck surjoue quelque peu. Cette exagération ôte leur crédibilité à certaines scènes telle celle où la vulgarité de l’héroïne la rend ridicule aux yeux des WASP en goguette. D’une façon générale, une personnalité aussi riche et aussi complexe que celle de Stella Dallas nécessite une interprétation sobre et nuancée. Belle Bennett, dans la première adaptation réalisée par Henry King, était plus convaincante. Ici, c’est comme si une scène correspondait à l’illustration d’un trait de caractère. Du coup, la cohérence du personnage peine à être rendue sensible. Par ailleurs, l’ambition romanesque n’est pas pleinement réalisée à cause d’une construction assez théâtrale basée sur les dialogues en intérieur qui altère l’évocation de l’arrière-plan social. Enfin, la mise en scène s’avère moins inventive que dans la version muette mais il y a tout de même plusieurs séquences, telle celle du wagon-lit, dont le lyrisme reste fort émouvant. Bref, le Stella Dallas de Vidor est un remake qui fonctionne par a-coups -et c’est alors magnifique- mais qui dans l’absolu s’avère dispensable.