Brutalement licencié, un directeur commercial japonais cache la nouvelle à sa famille, déjà pas très bien en point.
Avec cette chronique familiale, Kiyoshi Kurosawa dissèque une société japonaise en pleine décomposition. Son esprit de synthèse, son sens de la rime narrative (le mensonge du fils qui répond à celui du père et qui montre donc l’état délabré de la famille où l’autorité a été sapée), la rigueur de la conduite de son récit, l’absence totale de sentimentalité comme de surenchère dans la noirceur et la parfaite gestion d’effets plus ou moins abrupts qui peuvent faire verser imperceptiblement une scène dans l’horreur pure font de Tokyo sonata le constat social le plus glaçant vu au cinéma ces dernières années.
Habitué au découpage classique, découpage foncièrement humaniste, je me pose souvent la question en regardant un film japonais de la pertinence expressive d’un cadrage systématiquement éloigné des personnages et donc inattentif aux affects (surtout quand le réalisateur n’a pas le génie pictural d’un Mizoguchi et Kurosawa n’a pas le génie pictural d’un Mizoguchi) mais force est de constater que Tokyo Sonata s’impose, éblouissant de maîtrise, comme une sorte de classique instantané.