Jeunes filles en uniforme (Léontine Sagan, 1931)

Dans un pensionnat féminin strictement discipliné, une nouvelle élève tombe amoureuse d’une professeur.

Le film est signé Léontine Sagan mais a été techniquement supervisé par un vieux routier du cinéma allemand: Carl Froelich. Jeunes filles en uniforme frappe d’abord par l’audace de son sujet puisque l’homosexualité des personnages n’est même pas latente mais carrément évidente. Il frappe ensuite par son refus de la provocation sulfureuse. Quoique les valeurs d’ordre militaire soient clairement attaquées (ce qui dans une république de Weimar avec un parti nazi à 18% de sièges au Reichstag avait une toute autre portée qu’aujourd’hui) via l’inhumanité de la directrice, l’homosexualité féminine n’est pas la matière d’un brûlot mais celle d’un drame intime relaté avec finesse et sensibilité.

Les auteurs ont ainsi l’intelligence, en restant à une distance d’observateur rigoureux, de maintenir le mystère sur la nature des sentiments de la jeune héroïne: névrose née d’un environnement oppressif ou amour pur ? Sans doute un peu des deux et leur grandeur est de ne trancher ni dans un sens ni dans l’autre. Le magnifique plan final est d’ailleurs d’une hauteur de vue mizoguchienne. Enfin, le découpage est particulièrement sophistiqué : travellings rectilignes et vues en plongée employés avec brio insufflent à la mise en scène une force dramatique alors peu commune. Ce joyau des débuts du cinéma parlant est visible sur youtube avec sous-titres anglais.