L’ange exterminateur (Luis Buñuel, 1962)

A cause d’une force divine, des bourgeois réunis pour un dîner ne peuvent plus sortir de la salle à manger.

Un des pires films de Buñuel. L’ange exterminateur est d’abord plombé par l’artifice outrancier de son concept. Les personnages ne sont que des pantins déterminés par le dramaturge qui, ayant une « critique sociale » à asséner au spectateur, ne se soucie guère de vraisemblance ou d’empathie et  ne cesse de rappeler sa présence derrière les (grosses) ficelles. Entre symbolisme biblique dont aurait honte un Leo McCarey -cinéaste catholique non refoulé, lui-, et contrastes surappuyés de Figueroa, affreux chef op s’il en est (Dieu est mort, La red et autres navets bêtement formalistes), la mise en scène est aussi lourde que le scénario.

Le drame, c’est que dans un contexte aussi verrouillé, même les envolées surréalistes paraissent convenues. Il est bien signifié que tout est à la merci du créateur tout puissant qu’est le cinéaste donc tout peut arriver donc rien ne surprend. C’est anti-cinématographique au possible. L’ange exterminateur n’est donc qu’une complaisante et attendue description de bourgeois qui redeviennent des animaux dans une situation de crise arbitrairement créée par un metteur en scène démiurge pourtant loué pour son athéisme (songeons au culte que lui vouait le Positif gauchiste des débuts). Autant réécouter Jacques Brel chanter Les bourgeois c’est comme les cochons, ça n’en dit guère moins que L’ange exterminateur et ça dure environ trente fois moins longtemps. 

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