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Un juge d’instruction enquête sur des policiers qui auraient tabassé à mort un suspect.
Un film tardif de Marcel Carné sur un sujet à la Cayatte dans un contexte post-soixante-huitard ne fait a priori pas très envie. Les assassins de l’ordre est pourtant une assez belle réussite, un travail d’une toute autre classe que Terrain vague, Le pays d’où je viens, Thérèse Raquin et autres Tricheurs. Il y certes quelques raccourcis narratifs faciles. En voici un: suite à un laïus du héros sur la vérité et la tyrannie, une prostituée décide d’oublier son mac aussi vite qu’elle s’était empressée de le défendre.
Néanmoins, le film étonne par son audace et sa sincérité, dernière qualité qui n’a jamais suffit à faire un chef d’oeuvre mais absolument capitale pour un film de ce genre. En effet, la rigueur et l’honnêteté intellectuelle des auteurs ne font aucun doute. A l’exception d’un malheureux gros plan sur Charles Denner gesticulant, la défense des policiers n’est jamais ridiculisée ou méprisée.
Achever le film sur la plaidoirie de Denner, c’est à la fois logique (dans un procès, c’est l’avocat de la défense qui a le dernier mot) et courageux puisque cette plaidoirie, très convaincante, vient remettre en cause tout ce que le film disait jusque-là. Le cran de Carné se retrouve aussi dans le choix de la bande-son: c’est une musique avant-gardiste de Pierre Henry et Michel Colombier qui accompagne les images. Elle est sublime et inquiétante, oppressante, terrifiante. Parfaite quoi.
Enfin, Jacques Brel est tout bonnement immense dans son rôle . Il donne corps et coeur à l’avocat idéaliste et fait que ce beau plaidoyer humaniste s’avère un vrai bon film, loin de ce que le papier laissait présager.