Un instituteur idéaliste et naïf se corrompt au contact de deux notables.
Deuxième adaptation de la célèbre pièce de Pagnol et première version mise en scène par l’auteur lui-même, ce film n’est, à l’instar des deux autres, pas pleinement convaincant. La faute en incombe d’abord à une écriture abstraite et peu réaliste. Dans les chefs d’oeuvre de Pagnol cinéaste, la théâtralité était superbement mariée à un génie des lieux et des paysages naturels qui fait que les historiens du cinéma ont vu en lui, à juste titre, un précurseur du néo-réalisme italien. Or la moitié de Topaze -soit une heure de film- se déroule dans un bureau où deux personnages discutent. C’est d’ailleurs parce que Louis Gasnier et Léopold Marchand, responsables de la première adaptation, avaient osé couper dans ses abondants dialogues que Pagnol a réalisé lui-même ce nouveau Topaze. On ne voit jamais Topaze effectuer les actions qui le transforment moralement, on ne le voit qu’en parler à un tiers. En plus de produire une mise en scène statique et assez ennuyeuse à l’écran, ce recul analytique des protagonistes sur leur conduite, tout à fait invraisemblable, accentue la prééminence de l’auteur sur ses personnages et rend donc prégnant l’artifice de la construction de la fable.
De surcroît, cinématographiquement parlant, Pagnol expérimente ici son nouvel outil d’une façon pas toujours heureuse. Ainsi du premier dialogue entre Topaze et son directeur, découpé sous une bonne demi-douzaine d’angles différentes. Tsui Hark n’aurait pas fait plus brouillon.
Heureusement, la première partie dans l’école, qui rappelle le merveilleux Merlusse, ne manque pas de ce savoureux réalisme propre au meilleur de Pagnol. Il y a aussi des dialogues succulents, toujours succulents, et un Arnaudy plus à son aise dans le rôle de Topaze que Louis Jouvet (peu crédible en instituteur candide) et Fernandel (pas très crédible en homme d’affaires véreux).