Parole de kamikaze (Masa Sawada, 2014)

Un des derniers survivants des unités de kamikazes japonais, monsieur Hayashi, est interrogé par le réalisateur.

J’aurais aimé plus de clarté et de pédagogie dans l’exposition des faits. Ainsi, monsieur Hayashi dit à un moment que sans lui, les unités kamikazes n’auraient pas pu exister tel qu’elles ont existé. Il devait donc avoir un rôle central dans l’organisation. Mais on n’a guère d’information sur ce rôle si ce n’est que le jeune homme s’est, parmi les premiers, porté volontaire pour aller écraser son avion sur un navire américain. Le fait qu’il ait passé plusieurs mois à envoyer d’autres jeunes à la mort plutôt que d’y aller lui-même reste inexpliqué. Cela dit, Parole de kamikaze reste un film très intéressant. Outre l’évocation, touchante mais relativement attendue, des camarades disparus, du rapport avec le père ou de la fidélité à l’empereur, le cinéaste, qui a gardé beaucoup d’hésitations et de silence au montage, fait ressentir l’altérité profonde de son interlocuteur par rapport à nous, Occidentaux du XXIème siècle. Je pense au vide mélancolique dans le regard de Hayashi lorsqu’il évoque l’ampleur des dommages qu’il aurait pu causer avec son avion-suicide (ohka) mais qu’il n’a pas pu causer. Brièvement mais clairement, on sent alors poindre des regrets ambigus chez le vieux soldat. A cet instant, le contact avec un tout autre mode de pensée, une toute autre culture, qui est un des grands pouvoirs du cinéma, s’établit pleinement.