Après avoir fait ses études, un jeune homme revient à son village natal où il séduit toutes les filles…
Alors que je me posais des questions sur la réalité du talent de Maurice Mariaud après la découverte d’une série de films guère plus qu’intéressants, ce deuxième long-métrage portugais, après le chef d’oeuvre Os Faroleiros, vient me rappeler pourquoi je fus séduit par ce cinéaste. Adaptation d’un classique de la littérature lusitanienne, As Pupilas do Senhor Reitor saisit d’emblée graĉe à sa restitution de la région du Douro. Les décors naturels sont appréhendés avec un sens du cadre remarquable. La virtuosité du metteur en scène se manifeste aussi bien au niveau de la direction d’acteurs, tous très bons et évitant la caricature bien que parfois inexpérimentés en matière de cinéma, qu’à celui de la lumière, variée, ou de la profondeur de champ, qui permet à Mariaud de multiplier les actions dramatiques dans un même plan.
L’enracinement du récit se traduit également par la présence de nombreuses scènes de genre (effeuillage collectif du maïs, lessive, enseignement primaire, jeu de quilles…) qui insufflent un côté documentaire à ce rare témoignage filmé du Portugal profond au début du XXème siècle. Au-delà de l’anecdote, Maurice Mariaud saisit quelque chose de la réalité sociale du pays notamment dans les séquences mettant en scène le curé au début. En quelque sorte, ces scènes rendent sensible le totalitarisme bienveillant de l’église catholique avec une justesse qui est celle des choses dites sans vouloir-dire.
Cette splendeur du vrai rend As Pupilas do Senhor Reitor passionnant à regarder malgré malgré quelques relâchements du rythme narratif et le caractère suranné de son dénouement sacrificiel.