L’hôtel de la plage (Michel Lang, 1978)

Pendant les vacances, marivaudage des différentes générations dans un hôtel breton.

Une comparaison avec l’excellent Chaud lapin permet de mettre le doigt sur ce qui cloche dans le soi-disant chef d’oeuvre de Michel Lang. Du strict point de la mise en scène, l’homonyme de Fritz s’avère pour le moins désinvolte. Son découpage à la hache a le double inconvénient de rendre l’exposition difficilement compréhensible et d’exacerber l’artifice de l’écriture. A contrario, les plans longs et articulés avec souplesse de Pascal Thomas décuplaient le naturel (à ne pas confondre avec « naturalisme ») de la représentation. Si ce rythme, fatigant au début, était soutenu par une verve comique endiablée, il apparaîtrait moins hors de propos. Malheureusement, il fait plutôt office de cache-misère tant les gags -faciles et parfois efficaces- sont paresseusement développés.

Paresse et complaisance sont d’ailleurs les deux mamelles de L’hôtel de la plage. En guise de récit, un catalogue de clichés sociologiques est donné à manger à une usine à conventions. L’absence de tout point de vue, donc de toute regard moral, sur les actions des personnages fait naître une complaisance déplaisante vis-à-vis de l’adultère. Pour tout dire, ces personnages, ravalés au rang de machines pulsionnelles, sont assez méprisés. Une seule séquence extrait les personnages de cette gangue naturaliste et sordide. C’est celle de la fuite en décapotable sur la plage. C’est la plus belle du film. Des actrices parfois jolies, la multiplicité des protagonistes et l’inévitable effet-miroir d’une oeuvre dont la plus haute ambition est que chaque spectateur s’y retrouve, font que L’hôtel de la plage reste, en dépit de sa vulgarité (ou grâce à celle-ci), de sa laideur et de ses grosses ficelles, assez distrayant.