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La jeune épouse d’un directeur artistique dans le coma se rend compte des infidélités de ce dernier.
En adaptant ce best-seller de Lois Gould, Otto Preminger s’intéressait aux jeunes gens urbains, riches et hédonistes de la fin des années 60. Aussi versatile qu’ait été le talent de l’auteur de Rivière sans retour et Tempête à Washington, on pouvait difficilement imaginer univers plus éloigné du sien. S’il y a bien une constante chez Preminger, c’est l’absence de sentimentalisme. S’il y a bien un domaine où il n’a jamais excellé, c’est le comique. Or Such good friends est justement une satire dans laquelle l’héroïne traverse une crise sentimentale. Il s’agit de révéler l’envers des apparences sociales à travers le regard d’une épouse candide et trompée.
Le problème est la grossièreté de certains des moyens employés par le cinéaste. Le naturel et la fluidité, si emblématiques des réussites premingeriennes, font ici défaut. Les gags graveleux du début sont simplistes et navrants. Otto Preminger, qui fut un cinéaste parmi les plus élégants, n’est pas à l’aise avec son matériau et ça se sent. L’expression de ses intentions est souvent littérale ou kitsch (la chanson finale: du sous-Bennett). Les ressorts du drame sont également faciles et artificiels, à l’image du coup du calepin où le malade avait comme de fait exprès noté toutes ses conquêtes. Cette désinvolture dans l’écriture est à l’opposée de l’implacable rigueur des précédents échafaudages dramatiques du maître viennois.
Malgré cela, une certaine vérité émane du personnage de l’héroïne. La consistance inattendue de la bimbo est bien gérée. Dyan Cannon est vraiment une des grandes actrices oubliées du cinéma américain des années 70. C’est ici évident. On reconnaîtra aussi que les auteurs ont présenté -avec une certaine finesse du fait peut-être qu’il reste hors-champ une bonne partie du temps- un type jusqu’alors plutôt rare à l’écran: le connard sympathique à qui tout réussit.
Somme toute, Such good friends est loin d’être un désastre de l’ampleur de Skidoo mais on se prend à rêver de ce que le tact du Blake Edwards des années 80 ou la sensibilité du Richard Brooks de The happy ending auraient insufflé à un tel sujet.