Face of a fugitive (Paul Wendkos, 1959)

Un évadé arrive dans une petite ville et, le temps que les avis de recherche n’y soient publiés, sympathise avec le jeune shérif et sa soeur.

Un bon petit western: le scénario est conventionnel mais ses enchaînements sont globalement rigoureux et l’inventivité formelle de Paul Wendkos magnifie plusieurs séquences; le point d’orgue étant la fusillade finale dans la ville fantôme, peut-être inspirée de celle de L’homme de l’Ouest mais non moins géniale dans son exploitation du décor, sa dramatisation de l’éclairage, son utilisation du son et sa dilatation du temps. Cet esprit d’invention qui pousse la mise en scène à aller au-delà de la simple illustration ne se limite pas aux séquences d’action et fait de Paul Wendkos un réalisateur supérieur à, disons, John Sturges.

Le cambrioleur (Paul Wendkos, 1957)

Après avoir dérobé le collier d’une riche rombière, un cambrioleur voit sa jeune partenaire les quitter, lui et son gang.

Ce bref synopsis donne un aperçu de l’originalité de ce premier film de Paul Wendkos qui allait plus tard s’illustrer à la télévision. Plus qu’une intrigue savamment charpentée, ce sont les réactions des personnages qui font le récit écrit par David Goodis (ce fut son seul scénario). D’où le fait que Le cambrioleur s’éloigne parfois des « codes du genre ». L’inhabituelle relation paternalistico-sentimentale tissée entre le héros et la jeune fille a plus à voir avec certains mélodrames archaïques (tel l’excellent Laugh, clown, laugh avec Lon Chaney) qu’avec le polar. Dan Duryea et Jayne Mansfield trouvent ici des rôles qui sont restés parmi leurs meilleurs.

Le cambrioleur brille également par sa mise en scène pleine de trouvailles et d’expérimentations. Les cadrages inventifs et les raccords fulgurants, s’ils sont parfois de l’ordre du gadget, renouvellent sans cesse l’intérêt du spectateur. Il y a également un semblant de vernis qui ancre l’action socialement parlant. Les débardeurs des malfrats, l’ambiance moite, l’énervement suscité par le train qui passe à proximité du petit appartement donnent une réelle consistance au lieu et aux personnages qui y habitent. J’aimerais revenir sur cette excellente idée du train. Paul Wendkos met d’abord en exergue un détail réaliste qui donne une présence originale à son décor avant de sublimer ce détail via un travail expressionniste sur le son et l’image qui lui permet alors d’exprimer les passions des voleurs qui, après un casse éprouvant, subissent ce bruit à longueur de journée. C’est tout simplement brillant.

Le cambrioleur est donc un joyau de la série B comme on les aime. Les quelques raccourcis schématiques du scénario ne peuvent gâcher le plaisir ressenti devant une telle liberté et une telle inventivité déployées en 90 minutes chrono.