L’amour (Philippe Faucon, 1990)

A Saint-Denis, des jeunes batifolent…

Le premier film de Philippe Faucon séduit grâce à sa tendresse, son humour et sa vitalité renoirienne. Seuls les dialogues avec le père sonnent un peu plat. Les acteurs, dont il est dommage qu’aucun n’ait « percé », sont tous attachants. La dialectique entre paraître et désir, typique des amours adolescentes, y est finement retranscrite.

La trahison (Philippe Faucon, 2004)

En 1960 en Algérie, des informations du deuxième bureau amènent un lieutenant français à surveiller de près les quatre musulmans de sa section…

Philippe Faucon a réalisé un très bon film de guerre sans pour autant démarquer ses glorieux prédécesseurs car le travail -policier, social et urbain- des soldats en Algérie est très différent de celui des fantassins du Pacifique et appelle donc des options de mise en scène différentes de celles adoptées par les maîtres du genre que furent Walsh, Fuller et Schoendoerffer. En plus de montrer le tragique de la situation des Arabes tiraillés entre le FLN et l’armée française, le cinéaste fait particulièrement bien ressentir l’inquiétude perpétuelle et la méfiance absolue régnant des deux côtés de la barrière, une barrière inéluctable en dépit des illusions des uns et des autres.

Utilisant un habile prétexte scénaristique, découpant dans le sens de l’épure et de la suggestion, maîtrisant le format Scope comme peu de ses collègues français, filmant la nuit et le petit matin avec une discrète et étonnante sensibilité plastique, Faucon finit par instaurer un véritable suspense enraciné dans une réalité sobrement et précisément reconstituée. Seuls une ellipse lors de la seule scène de bataille qui apparaît comme un volontariste refus du spectaculaire ainsi qu’un ou deux dialogues explicitant une problématique parfaitement exprimée par ailleurs altèrent la beauté de ce film sec et affûté comme le visage de son interprète principal, Vincent Martinez.