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Lorsque son directeur meurt, un publiciste croit saisir sa chance en se rapprochant du mystérieux nouveau patron.
Étrange film que cette Étrange affaire. Ça commence comme une percutante chronique sociale avec les menaces de « charrettes », les licenciements effectifs, les inquiétants hommes de mains du nouveau patron et, aussi, le réveil de l’arrivisme chez certains planqués de l’entreprise puis ça dévie vers une sorte de fable psychanalytique dont la morale serait pour le moins vague et incertaine. Disons que la métaphore des rapports hiérarchiques assimilés au système féodal y est filée jusqu’au grotesque.
Le problème est que le film ne trouve jamais vraiment son ton. Le récit est vraiment prenant mais, faute peut-être d’une forte personnalité derrière la caméra pour synthétiser ses tendances antagonistes, il semble écartelé entre des rebondissements trop outrés pour maintenir la crédibilité du drame jusqu’au bout et un style trop sage, reposant sur un montage tendu, qui ne franchit jamais véritablement le pas de la comédie noire.
Pourtant, de nombreuses caractéristiques auraient pu faire tendre l’oeuvre vers quelque chose de plus fou, à commencer par la délectable création de Jean-Pierre Kalfon, plus drôle encore qu’inquiétant. A côté de lui, Gérard Lanvin -à l’époque un des meilleurs acteurs de sa génération- excelle également mais joue une toute autre partition : moins distante, plus réaliste, plus émouvante. Piccoli, unique maillon entre ces différentes tendances, joue sur du velours, à l’aise en toutes circonstances, imprimant chacune de ses scènes de son charisme bizarre. En définitive, Une étrange affaire est un bon film qui aurait pu être grand.