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Poussée par son fiancé, une employée de maison de retraite accueille sous leur propre toit un des pensionnaires qui aurait un magot. Mais ce dernier est mythomane…
Sorte de série B d’auteur français. Le récit est confectionné avec une méticulosité rare. L’enchâssement des différentes destinées jusqu’à l’amère ironie du dénouement relève d’un art aussi grand que modeste. Chaque personnage avait sa part de noirceur mais chacun est victime d’injustice. Retors, Pierre Zucca a noué son intrigue autour d’une importante question de société -la prise en charge des personnes âgées- pour mieux s’en abstraire au fur et à mesure qu’il révèle les secrets de personnages pleins d’obsessions bizarres et de passions malsaines. Le pessimisme social de la fin est d’autant plus glaçant que sa portée est générale.
Le talent de Zucca consiste également à faire passer une vision du monde aussi sinistre à travers un film à la tonalité plutôt légère. Bien sûr, une telle histoire est propice à l’humour noir comme le montre la délectable composition de Fabrice Luchini en arriviste hâbleur tout droit sorti d’une comédie italienne des années 60. Mais une secrète compassion court aussi en filigrane de l’oeuvre, compassion qui empêche la complaisance ou le surplomb face à la bassesse humaine. C’est la tendresse pour un vieil homme qui demande à une jeune femme voulant lui rendre une faveur, la rare et charmante Valérie Allain, de se déshabiller pour lui. Ou alors la tristesse face à un ermite qui refuse d’ouvrir sa porte à une femme devenue par la force des circonstances l’exécutrice testamentaire de son seul ami…