Dans une communauté de pionniers, une jeune fille garçon manqué est courtisée par deux joueurs et un puritain voulant être élu maire tandis qu’un ancien confédéré recherche ce dernier pour accomplir une vengeance.
En adaptant une pièce elle-même adaptée d’un roman de Bret Harte, Raoul Walsh a réalisé une oeuvre dans la continuité directe de La piste des géants. Le film commence là où le précédent se terminait: la communauté est établie mais pas complètement civilisée.
Comme dans le western avec John Wayne, la superbe -quoique moins monumentale- appréhension des décors naturels, avec la claire lumière descendant dans les immenses séquoias en bas desquels s’animent les hommes, constitue l’atout majeur de Wild girl. C’est un cadre réaliste et poétique qui transfigure l’origine théâtrale du scénario. Voir par exemple la première rencontre entre le héros et l’héroïne, alors que cette dernière se baigne dans un lac.
D’un récit mouvementé et hétéroclite, où l’aptitude de Walsh à varier les registres fait merveille, émerge une morale pessimiste: les gentils doivent fuir la civilisation et se retrouver proscrits pour réaliser leur bonheur. Une séquence terrible où un père de famille est lynché témoigne également de cette audacieuse noirceur.
On note également un étonnant générique « guitryesque » où les acteurs présentent oralement le personnage qu’ils incarnent. Des transitions de montage en forme de pages qui se tournent affichent la dimension romanesque du film mais apparaissent parfois comme de regrettables ellipses; étrangement, deux séquences d’action potentiellement spectaculaires ne sont pas montrées mais racontées par le truculent Eugene Palette.
Malgré ce parti-pris qui accélère le rythme mais rétrécit l’ampleur d’un film ne durant que 1h20 et malgré une Joan Bennett parfois trop sophistiquée dans son habillement et son maquillage pour son rôle, Wild girl s’avère donc un très bon film; en fait le deuxième meilleur réalisé par Raoul Walsh entre 1931 et 1938.