Belle épine (Rebecca Zlotowski, 2010)

Une adolescente de 17 ans se retrouve plus ou moins livrée à elle-même après le décès de sa mère.

Le premier film de Rebecca Zlotowski est typique du jeune cinéma d’auteur français par plusieurs aspects. D’abord, il aborde la thématique récurrente de l’initiation adolescente. Ensuite, il fait montre d’une tendance à l’opacité narrative, au refus des explications et des développements. L’auteur se méfie visiblement du récit. Ainsi, plusieurs digressions (sur la religion notamment) apparaissent incongrues faute de mise en correspondance nette et précise avec le reste du film. Dans le même ordre d’idée, on pourra également regretter que le contexte -a priori original et excitant- des bandes de motards de Rungis soit aussi peu exploité. Les personnages secondaires n’existent pas beaucoup.

Ce manque de foi envers la fiction, récurrent lui aussi dans le cinéma post-Pialat, est frustrant car il est évident dès les premières images que Belle épine n’a rien d’une chronique réaliste mais a plutôt à voir avec la fable. Le film flirte même ouvertement avec le fantastique et c’est d’ailleurs en enrichissant d’une tonalité irréelle certains passages canoniques du genre (le réveil face aux parents de l’amoureux) que la réalisatrice singularise son oeuvre et montre son talent pour la mise en scène. L’ambiance des scènes nocturnes est également réussie grâce entre autres à une bande-son adéquate. Enfin, Léa Seydoux est véritablement excellente et comme elle porte le film sur épaules, celui-ci ne saurait être mauvais.