L’héritage de la colère (Money, women and guns, Richard Bartlett, 1959)

Un détective privé est chargé de retrouver l’assassin d’un chercheur d’or parmi ses héritiers…

Encore une fois, le pacifisme et l’humanisme chrétien de Richard Bartltett désamorcent joliment les attendus de son western. Les confrontations successives du détective avec chaque suspect, procédé propre au « whodunit », sont prétextes à la présentation d’une attachante galerie de personnages plus faibles que méchants. D’une façon ou d’une autre, chacun sera soumis à la tentation et aura la possibilité d’une rédemption. Fait rarissime dans le genre: aucune mort violente ne surviendra. La parabole se déroule sans la moindre lourdeur mais s’inscrit avec naturel dans un récit bien composé. Bref, la douceur et la bienveillance du ton rendent L’héritage de la colère assez attachant en dépit du fait que sa mise en scène soit, à l’exception de quelques idées ponctuelles (tel ce fort abandonné dans lequel un vieil homme vit entouré d’Indiens), terne.

Joe Dakota (Richard Bartlett, 1957)

Un étranger découvre un lourd secret dans une petite ville dont les habitants comptaient s’enrichir grâce à un puits de pétrole.

En quelque sorte, Joe Dakota est à Un homme est passé ce que Quatre étrange cavaliers est au Train sifflera trois fois. A savoir une version plus modeste, plus légère, plus dégraissée, plus directe, bref plus série B que le prestigieux, poussiéreux et ennuyeux film dont il s’inspire. Joe Dakota est un western original parce que son héros ne la ramène pas beaucoup. Pendant les 80 minutes que dure le film, il ne tire aucun coup de feu. Après s’être fait jeté dans une flaque de pétrole par deux malotrus, il ne va pas leur casser la figure, tel un John Wayne de base, mais s’en va se laver à la blanchisserie, comme si de rien n’était. Il encaisse les coups et les humiliations mais s’obstine à rester alors que tout le monde veut le voir partir. Richard Bartlett, fervent chrétien et véritable auteur de films, a signé ici une parabole christique dont le sens n’est cependant jamais surligné. Son héros n’est pas un saint mais un être de chair et de sang, ancien officier qui plus est.

La mise en scène est simple et discrète sans être impersonnelle. Richard Bartlett aplanit les tensions du scénario, aidé en cela par le jeu très intériorisé de l’excellent Jock Mahoney. Sans verser dans la pantalonnade façon George Marshall, son film est non dénué d’humour. Cette légèreté de touche permet à l’auteur de maintenir un certain mystère autour de son récit. Avant un dénouement certes conventionnel et éhontément simplificateur, les camps ne sont pas clairement délimités avec le gentil qui serait d’un côté et le méchant qui serait de l’autre. Enfin, le charme de la délicieuse et trop rare Luana Patten (Arlene Dahl en plus innocente) achève de faire de ce western joliment humaniste un film plein d’intérêt.