Le dernier face-à-face (Sergio Sollima, 1967)

Un professeur rejoint une bande de hors-la-loi.

Sollima se sert du cadre westernien pour raconter une fable politique dont l’artifice de la construction est mis en évidence par des ressorts très grossiers. Impossible de prendre au sérieux un revirement aussi brutal que celui de ce professeur humaniste jusqu’à la caricature se mettant à tirer à bout portant dans la gorge des prisonniers. La désinvolture de la mise en scène (que de zooms!) n’aide pas non plus à l’implication dans le drame.

La poursuite implacable (Revolver, Sergio Sollima, 1973)

De mystérieux bandits enlèvent l’épouse d’un sous-directeur de prison et exigent de celui-ci qu’il libère un détenu.

Ceci n’est que la ligne directrice d’un récit politico-policier compliqué mais raconté avec suffisamment de clarté pour ne pas perdre le spectateur. Le duo formé par Oliver Reed en flic brutal mais fou amoureux de sa femme et par Fabio Testi en jeune truand écervelé fonctionne bien. Les caractères sont assez nuancés pour faire rebondir intelligemment la narration. Ce qui n’empêche pas Revolver de prendre un tour authentiquement tragique lors d’une fin où toute l’amertume de la compromission morale du héros est brillamment évoquée. On notera alors la relative subtilité de l’expression du discours politique qui passe par le drame du personnage et non par un assénement a priori (différence entre Boisset et Sollima?).

Bref, il y avait la matière pour faire de Revolver un grand polar. Malheureusement, le film est plombé par une mise en scène franchement indigente. Un exemple: lors d’une séquence, les deux personnages qui traversent clandestinement la frontière franco-italienne voient un hélicoptère de la gendarmerie française. Eh bien, rien dans le cadrage ni le découpage n’est créé pour instaurer une quelconque tension, un quelconque sentiment de peur ou d’incertitude. Fabio Testi qui dit « attention, la police française! », un bête contrechamp sur l’hélico, les personnages qui se dispersent dans le plan, et hop on passe à la suite. Sollima aurait remplacé ses images par un carton « la police française arrive, nos personnages se dispersent et nos héros s’enfuient » que l’effet aurait été strictement le même. Il n’y a aucune attention du metteur en scène aux lieux divers et variés dans lesquels évoluent ses protagonistes. Comment voulez-vous dans ces conditions être profondément impliqué dans le film? Heureusement, les jeunes Italiennes dénudées et surtout la musique particulièrement inspirée d’Ennio Morricone assurent la patine qui rend ce Revolver assez attachant.