Un policier retrouve un camarade de lycée impliqué dans un braquage gauchiste.
Le déroulement est pesant malgré quelques éclats de la mise en scène dans la dernière partie.
Un policier retrouve un camarade de lycée impliqué dans un braquage gauchiste.
Le déroulement est pesant malgré quelques éclats de la mise en scène dans la dernière partie.
Pendant un tsunami, un détenu évadé vole un magot dans des circonstances troubles…
L’intrigue policière est le prétexte d’une fresque sur le Japon de l’après-guerre, étalée dans l’espace (deux villes) et dans le temps (dix ans). Autant l’affirmer d’emblée: la réputation de ce film, parfois cité parmi les dix meilleurs de tout le cinéma japonais, est usurpée. Non que ce soit franchement nul. Les personnages ont le mérite de ne pas être unidimensionnels et la complexité de leur caractère peut se traduire de façon forte et vraie par la mise en scène. Ainsi du meurtre pour ainsi dire accidentel de la geisha qui précipite la fin du « héros ». Il apparaît à la fois inattendu, naturel et inéluctable, comme un évènement de la vie, et oriente cependant le cours de l’histoire de façon décisive. D’une façon générale, le vétéran Uchida est un virtuose de la caméra et l’habileté de ses mouvements d’appareil lui permet d’instaurer un climat d’urgence dans la narration. Cette urgence est surtout sensible dans la première partie, la plus convaincante.
Mais quelle lourdeur dans l’écriture! Si le début laissait présager une ampleur romanesque digne des Misérables, le récit s’étrique petit à petit jusqu’à consacrer toute sa dernière heure à une enquête policière sans intérêt. Cette enquête dont le spectateur connaît à l’avance la conclusion puisque, comme dans Columbo, il a assisté au crime, avance essentiellement par des dialogues surabondants dits par des personnages hyper-sérieux qui transpirent beaucoup (rien à voir avec la malice du célèbre inspecteur angelino). Les monologues explicitant ce qui est déjà évident pour le spectateur et les inserts figurant ce que pense un protagoniste à un instant t (procédé éculé s’il en est) contribuent également à rendre laborieux le déroulement de l’intrigue. C’est ainsi, et non grâce à la richesse de ce qu’il raconterait, que Le détroit de la faim en arrive à durer 3 heures; une durée aussi faramineuse qu’injustifiée.
Du fait de cette importance démesurée accordée au prétexte policier, le « Japon en ruine de l’après-guerre » n’est rien de plus qu’un décorum. Nonobstant une poignée de séquences intéressantes mettant aux prises la geisha avec différents employeurs, les personnages secondaires n’existent pour ainsi dire pas et les personnages principaux n’ont guère de vie affective, sentimentale, sociale. Et ce ne sont pas les tirades gluantes sur la misère et l’argent arrivant comme autant de cheveux sur la soupe qui peuvent assurer au Détroit de la faim une vision consistante de la société de son temps. Tout au plus font-elles office de saupoudrage. Un saupoudrage aussi fumeux qu’intempestif.
La gratuité totale des séquences pseudo-fantastiques aussi bien que celle des passages de l’image filmique du positif au négatif tend à accréditer l’idée selon laquelle ce mélange pas toujours habile de drame social et de film policier a été conçu comme une entreprise de séduction visant à ratisser le plus large possible. Pas étonnant donc qu’il se retrouve en tête de listes institutionnelles du type « Les 100 meilleurs films japonais de tous les temps », listes comportant moins d’authentiques chefs d’oeuvre que de fausses valeurs qui ont été entérinées par le temps.
Un commerçant bon, riche et partiellement défiguré se ruine par amour pour une prostituée.
Scénarisé par son collaborateur habituel qu’était Yoshitaka Yoda, Meurtre à Yoshiwara appelle inévitablement la comparaison avec le travail de Mizoguchi encore que le point de vue soit ici celui de l’homme et non celui de la prostituée comme c’est généralement le cas chez l’auteur des Musiciens de Gion. Force est de constater que le film de Tomu Ushida est moins concis dans sa narration, plus manichéen et plus appuyé dans sa dramaturgie et plus facile dans ses effets de style (le carnage final sous les pétales de cerisiers). Meurtre à Yoshiwara n’en reste pas moins mené avec une relative habileté et parvient même parfois à émouvoir grâce au jeu de Kataoka Chiezo qui charge d’humanité le rôle principal. Il fait penser à une version nippone et plus sobre du Raimu de La femme du boulanger.
Des samouraï accompagnent leur maître alcoolique à travers le Japon.
Cela aurait pu donner lieu à un aimable récit picaresque si les péripéties n’avaient été prétextes à discours humaniste gluant mollement mis en scène. Le mont Fuji et la lance ensanglantée vaut cependant d’être vu pour un excellent morceau de bravoure final où le film révèle à travers l’action, enfin, une profondeur dialectique insoupçonnée.