Albatros (Xavier Beauvois, 2021)

En Normandie, un capitaine de gendarmerie parfaitement intégré à sa communauté tombe dans une dangereuse dépression après un accident assimilable à une bavure.

Une des plus belles réussites de Xavier Beauvois. La première partie, avec son montage haché, laisse présager une chronique un peu fouillis et ras-les-pâquerettes quoique non dénuée de « justesse » ni d’empathie humaniste. Mine de rien, sans rien sacrifier au réalisme et à une approche « quotidienne » des évènements, Xavier Beauvois a inventé un vrai héros contemporain, au comportement exemplaire et au service de sa communauté. A la John Ford. Puis, un geste de ce héros oriente le récit vers un drame existentiel. A partir de là, le rythme se fait plus ample; et le récit plus patinant. Si le symbolisme est un peu bateau, la fin, dans sa simplicité, émeut.

Le petit lieutenant (Xavier Beauvois, 2005)

Un lieutenant frais émoulu de l’école de police intègre un commissariat parisien, sous la responsabilité d’une ancienne alcoolique.

Dans sa façon altière de mêler le mélo intime, l’étude quasi-documentaire du métier de flic et le suspense policier, Le petit lieutenant est une magistrale réussite. Excellence de l’interprétation (c’est un des meilleurs rôles de Nathalie Baye), finesse audacieuse de l’écriture, justesse de la caractérisation de chaque personnage, subtilité chargée de sens de la mise en scène (malgré deux évidentes citations cinéphiliques qui altèrent un peu l’effet de transparence: Le samouraï et Les 400 coups). Une réserve: la méfiance envers l’artifice a parfois l’effet inverse de celui recherché; ainsi faire coïncider la révélation de la mort d’un personnage central avec la sirène du premier mercredi du mois relève du volontarisme (anti-lyrique).