Adieu Bonaparte (Youssef Chahine, 1986)

Pendant la campagne d’Egypte, un général de Bonaparte se lie avec le garçon égyptien lui servant d’interprète…

Pour faire passer son message démysthifico-tiers-mondiste, Chahine ne recule devant aucune inexactitude, devant aucune caricature, devant aucun dialogue littéral, devant aucune mesquinerie (la façon dont est présentée la fameuse tirade des pyramides est d’une bassesse rare). Cette pesanteur de l’intention n’empêche pourtant pas sa narration d’être confuse. Par ailleurs, ses plans sont académiques, n’ayant ni le dynamisme ni la profondeur foisonnante de ceux de Jean Renoir à qui ses thuriféraires l’ont trop vite comparé. Victimes de leur auteur songe-creux, les acteurs français sont théâtraux et faux même si Michel Piccoli s’en sort bien sûr mieux que Patrice Chéreau, complètement à côté de la plaque. Enfin, les quelques séquences de batailles manquent de souffle épique.

Gare centrale (Youssef Chahine, 1957)

A la gare centrale du Caire, un vendeur de journaux éconduit par une jolie fille se transforme en assassin.

Ce n’est que l’axe central d’un film qui se veut grouillant de vie. Et il est vrai qu’en moins de 90 minutes, Youssef Chahine présente beaucoup de personnages et d’intrigues. Le rythme est rapide, on ne s’ennuie pas. Malheureusement, la plupart des pistes narratives ne sont pas développées comme elles devraient l’être. Ainsi de l’histoire du syndicat. On perçoit la volonté du cinéaste d’embrasser l’ensemble des couches de la société mais cela reste à l’état d’intention car son film apparaît plus comme un exercice de style plus que comme une chronique authentique. Le style néo-réaliste n’est guère plus qu’un vernis, Gare centrale s’avérant un mélo-policier-psychologique tout à fait conventionnel (les conventions empruntent à divers genres mais n’en restent pas moins des conventions). On songe à la fausseté d’un De Sica. Ceci dit, si Gare centrale est un film superficiel, le réalisateur y fait preuve d’une indéniable virtuosité. Il y a aussi quelques trouvailles intéressantes (la collection de photos de pin-ups) et un ou deux moments justes et durs tels ceux où le marchand de journaux est rejeté par sa dulcinée (Chahine est un bon acteur).

Un avis plus enthousiaste ici