Shane, un mystérieux cow-boy aide des fermiers face à un méchant propriétaire qui veut les expulser.
Western parmi les plus populaires aux Etats-Unis, Shane frappe d’abord par sa niaiserie. Certes, le point de vue est celui d’un enfant mais cela n’excuse pas tout. Cela n’excuse pas le sirop musical qui sert de bande originale, cela n’excuse pas le costume en peau du héros d’un pittoresque ridicule, cela n’excuse pas le fait que Shane soit un buveur de coca, cela n’excuse pas le surjeu de Van Heflin, cela n’excuse pas les gros plans répétés sur la tête à claques du gamin. Shane n’est certainement pas le film à montrer à un néophyte du western tant Stevens y enquille les clichés les plus faux à la façon du Buffala Bill’s Wild west show. La rudesse des moeurs des hommes de l’Ouest est sans cesse édulcorée au profit d’une hypocrisie sentimentalo-puritaine.
La fausseté se retrouve aussi dans la mise en scène de certaines séquences ruinées par le factice de studio; le bal par exemple a plus à voir avec le club de danse western&country de Trifouillis-sur-Oise qu’avec John Ford. Pourtant, d’autres passages impressionnent par leur réalisme âpre; ainsi de la grande rue boueuse dans laquelle l’infâme Jack Palance descend un fermier. De plus, le fond mythologique du genre est suffisamment bien exploité pour insuffler une réelle profondeur thématique au film. La loi, la morale et la force…Shane parle de tout ça même si la finesse n’est évidemment pas celle de L’homme qui tua Liberty Valance. Enfin, on ne saurait nier l’ampleur occasionnelle de la mise en scène, ampleur qui malheureusement va de pair avec une certaine épaisseur de trait. Shane se veut un western plus intelligent que les autres, Shane réussit donc à être long et bavard en plus d’être niais.