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Un Parisien va retrouver son oncle qui a fait fortune en Algérie dans le but de lui emprunter de l’argent. Sur le bateau, il rencontre une jeune héritière…
Cette commande du gouvernement français pour célébrer le centenaire de la conquête de l’Algérie est peut-être le pire film de Jean Renoir. Oh, il ne s’agit pas de s’indigner benoîtement devant le propos évidemment colonialiste de l’entreprise! Celui-ci ne fait que confirmer la terrifiante facilité avec laquelle le futur réalisateur de La vie est à nous et de Vivre libre! adaptait son style à l’idéologie requise par le moment.
Les séquences qui voient des soldats débarquer tandis que l’oncle se lance dans un éloge passionné du « rôle positif de la colonisation » devant un neveu citadin donc superficiel qui ne comprend pas que le travail, il n’y a que ça de vrai, sont d’ailleurs les passages les plus intéressants du film d’un point de vue strictement formel. Comme les scènes de duel du Tournoi dans la cité (film de commande précédent par ailleurs autrement plus intéressant), elles montrent la maîtrise qu’a atteint Renoir dans ces dernières années du cinéma muet.
Simplement, l’histoire racontée est parfaitement inepte. Jamais les personnages n’existent en dehors du rôle que leur a assigné une intrigue convenue et débile. Qui plus est, Le bled n’a même pas le mérite de la concision narative. A la fin, le héros n’en finit pas de courir après le méchant dans le désert. Il s’agit d’un film de prestige donc il faut les voir en voiture, en chameau, à pied, à cheval, avec la caméra qui bouge dans tous les sens. Las! Cette interminable course-poursuite achève l’indulgence du spectateur de 2010.