La terre (André Antoine, 1921)

Partageant sa propriété entre ses trois enfants, un vieux paysan beauceron se voit confronté à l’égoïsme filial.

Un beau film, emblématique des forces et des limites de Antoine cinéaste. La force essentielle, c’est bien sûr le constant réalisme de surface: décors naturels, insertion de nombreux tableaux de genre. Antoine a un sens du cadre qui rend véritablement présent le milieu géographique, architectural et social où évoluent ses protagonistes. Il utilise amplement et pertinemment la profondeur du champ. En résultent vérité immédiate et force dramatique du plan. Certains ont critiqué ses acteurs au motif qu’ils venaient de la Comédie-française, je les ai trouvés bons: naturels et pas excessifs. La limite de l’oeuvre, c’est en fait le manque d’unité du récit, le dessein d’ensemble qui peine à être rendu sensible faute d’un rythme pensé dans la globalité du film: les scènes se succèdent sans que l’accent ne soit mise sur l’une ou l’autre, à part à la fin avec la longue agonie du personnage principal.