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Un vieux baron s’est retiré du monde depuis qu’il ne peut plus faire l’amour. Un vagabond qui lui a sauvé la vie lui redonne foi dans l’humanité. Est-ce que ça va durer?
Tu m’as sauvé la vie est la première collaboration de Sacha Guitry avec Fernandel. Force est de constater que le comédien méridional n’est ici pas aussi sublime que chez Marcel Pagnol puisqu’il travestit son style de jeu en imitant plus ou moins bien le maître parisien. Voyez ses gestes maniérés, sa façon de croiser les jambes…Tout ceci est peu en adéquation avec son personnage d’aventurier. En revanche, Guitry est toujours aussi éblouissant et c’est un régal que d’écouter ses saillies misanthropes. Lana Marconi et Jeanne Fusier-Gir sont égales à elles-mêmes dans des emplois qui leur sont habituels.
Moins rigoureusement construite que les pièces d’avant-guerre (les intrigues des domestiques sont dispensables tout comme la musique), Tu m’as sauvé la vie n’en est pas moins une réussite de l’auteur. Les traits d’esprit fusent, les gags sont désopilants. La surdité du personnage principale est prétexte à un comique absurde assez inédit chez Guitry.
Si, comme dans tous ses films d’après-guerre, le constat désabusé sur la nature humaine est sans appel, l’auteur apparaît ici moins aigri que dans Aux deux colombes réalisé l’année précédente. Cette noirceur sereine annonce en fait l’ultime chef d’oeuvre de Guitry: La vie d’un honnête homme.