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Découverte d’un gisement de pétrole dans un bidonville italien.
Considéré par rapport à l’ensemble de la production néo-réaliste, Miracle à Milan a le mérite d’une apparente originalité voire même d’une certaine étrangeté. Il diffère des précédentes collaborations entre Vittorio De Sica et Cesare Zavattini, son scénariste de prédilection, en cela qu’il s’agit d’un conte social quasi-muet. Ainsi, aux défauts habituels des œuvres du tandem que sont le sentimentalisme niais, la pauvreté narrative et le misérabilisme gluant s’adjoint ici un onirisme de pacotille et un recyclage frelaté du cinéma burlesque.
L’exemple de scène suivant devrait donner un bon aperçu de la médiocrité de l’inspiration qui a guidé les auteurs de Miracle à Milan: des flics attaquent les pauvres avec des lances à eau, les pauvres sortent leur parapluie, les lances à eau se vident, les flics se retrouvent comme deux ronds de flan. Voici le genre de gag qui aurait peut-être été drôle en 1915 dans un film de la Keystone mais qui, au milieu de cette guimauve démagogique, apparaît parfaitement ringard.
En vérité, le rapport entre entre De Sica et Chaplin est à peu près le même que celui entre Jean-Pierre Jeunet et Prévert. De Sica réutilise ce qu’il pense être les trucs de son illustre aîné sans saisir que leur pertinence est liée à une époque et à la représentation d’un contexte social. L’idée comique surgit chez Chaplin après un regard aiguisé sur le monde qui l’entoure. C’est de ce don d’observation que vient son génie de la pantomime. De Sica, au contraire, plaque ses stéréotypes sur la réalité. D’où l’impression d’un film complètement artificiel et donc complètement inintéressant. Impossible de croire à ses personnages-pantins qui n’existent pour ainsi dire jamais en tant qu’individus. Le schématisme utilisé par les auteurs pour opposer les riches aux pauvres est tolérable dans un film muet archaïque mais ne l’est pas dans un long-métrage de 1951.
Bref: pas plus nouveau que réaliste, Miracle à Milan est en fait un navet.