La carrière politique de Wilson, professeur d’université devenu président des Etats-Unis.
Tournée en pleine seconde guerre mondiale, cette biographie du président auteur des « quatorze points » peut d’abord apparaître comme un film de propagande interventionniste. De fait: excellemment interprété, riche de notations sur la vie politique U.S au début du XXème siècle, articulant l’intimisme et l’épique avec l’habileté propre aux meilleurs scénaristes hollywoodiens (Lamar Trotti), superbement décoré avec de luxueuses reconstitutions des intérieurs de la Maison-Blanche et du Capitole, chaudement photographié par le fidèle Leon Shamroy et jalonné d’hymnes patriotiques orchestrés par Alfred Newman, Wilson est d’abord une parfaite, magnifique et -en dépit de sa durée de 2h34- assez irrésistible machinerie du producteur Darryl Zanuck qui était un grand admirateur du président. Le lyrisme idéaliste d’une séquence comme le discours de Wilson à la Chambre des représentants pourra arracher des larmes. Le film est d’autant plus fort qu’il fait entendre les arguments, pertinents, des adversaires pacifistes du héros.
Enfin, l’oeuvre est parcouru d’une secrète vibration qui lui insuffle une résonnance plus profonde que le claironnement d’un message patriotico-humanitaire: c’est la récurrence des tentations d’un chef d’état -plus époux idéaliste qu’animal politique- prônant l’engagement de son pays pour la sécurité de l’univers de retourner à un foyer source de bonheur -et de malheur- égoïste. Dans ces évocations mélancoliques, la caméra, toujours pudique et à juste distance, d’Henry King fait merveille.