Au Mexique, deux géologues font face à des attaques de scorpions géants.
Chiant puis, à partir de l’arrivée des bestioles, chiant et grotesque.
Au Mexique, deux géologues font face à des attaques de scorpions géants.
Chiant puis, à partir de l’arrivée des bestioles, chiant et grotesque.
Cédant à un lobby américain, l’état français légalise la drogue; ce à quoi s’oppose un gros trafiquant.
Ce premier film d’Alain Corneau fut un échec fort compréhensible tant il est raté. Les gags de la comédie noire tombent à plat et le thriller d’anticipation n’a aucune intensité. On dirait un pastiche du Godard littéral et grotesque de Week-end.
Une scientifique du programme SETI capte une fréquence provenant de Véga…
Une grande dissertation sur la foi et la science entachée par la roublardise et le manque de courage du scénario. La façon d’instrumentaliser les personnages au service d’une vaste fable truffée d’invraisemblances rappelle certains films de Capra (les plus célèbres mais pas les meilleurs). Voir l’improbable savant joué par John Hurt, qui n’est en définitive qu’un deux ex machina, servant uniquement aux auteurs à faire avancer leur récit à ses deux moments-clés. De façon plus gênante que la théologie, la science est vulgarisée: les problèmes sont réduits à des puzzles et la science devient, pour l’héroïne qui en est la promotrice acharnée, « un langage ». Tout ça pour se vautrer dans les poncifs formels lors des découvertes: caméra qui suit le chercheur qui court entre les bureaux sur fond de musique tonitruante, gros plan sur la vedette qui s’exclame un truc du genre « bon sang mais c’est bien sûr » avant une pseudo-explication débitée tellement vite que les auteurs s’assurent ainsi qu’aucun spectateur n’y pigera rien. Mais force est de reconnaître la virtuosité, parfois coquette, de Zemeckis qui rend le film regardable malgré un autre lourd défaut du scénario: son manque de concision (le départ avorté est une péripétie inutile tandis que les réactions de la foule eussent gagnées à être mieux explorées: le plan à la fin où Foster est accueillie par un peuple de mystiques est un des plus pertinents et évocateurs).
Dans un futur proche, une pandémie a provoqué la famine sur Terre et une famille londonienne tente de partir à la campagne, contre les ordres du gouvernement.
L’objectif est de montrer un retour de l’homme au chaos. L’écriture est redondante, qui enquille les « scènes-chocs » où les « héros » se retrouvent à tuer un « opposant », parfois très gratuitement. Le trait est épais mais le rapport entre les personnages et l’espace est bien dramatisé et le style riche d’inventions, guère subtiles: certaines montrent l’ambition de Cornel Wilde en matière de montage et sont destinées à illustrer une idée, d’autre sont gratuitement répugnantes (l’accouchement en gros plan, hallucinant). A la croisée des chemins entre Eisenstein, Peckinpah et le cinéma d’exploitation qui se donne bonne conscience en donnant mauvaise conscience au spectateur (type Mondo Cane), Terre brûlée est un objet pour le moins curieux, comme tous les films de Cornel Wilde que j’ai pu voir.
En 2022, dans un New-York ultra-pollué, un policier enquêtant sur le meurtre d’un notable met à jour une terrible vérité.
Avec les propos terrifiants de justesse du personnage de Edward G.Robinson au début du film, j’ai craint que visionnier ce dernier ne me fasse culpabiliser de mon mode de vie d’occidental et n’entraîne chez moi une prise de conscience me transformant en écolo relou. Heureusement, plus de peur de que de mal: réduisant son récit à une intrigue policière (mal fichue car intégrant mal des concessions à l’image de la star), il s’est avéré tout à fait inoffensif politiquement parlant. Soleil vert fait partie de l’espèce terriblement ennuyeuse des films se réduisant à une idée. Et comme cette idée est plus connue que le film lui-même, regarder le film ne présente à peu près aucun intérêt.
Des particules venues de l’Espace prennent la forme des gens…
Remake creux et plein d’esbroufe formelle qui n’a pas la classe stylistique de l’autre remake, signé Abel Ferrara.
A Los Angeles au moment du passage à l’an 2000, un trafiquant de shoots de réalité virtuelle se retrouve embarqué dans une histoire de meurtres.
La résolution de l’intrigue policière est artificielle et l’unité du récit en pâtit mais la séduction punk de la direction artistique, l’inventivité spectaculaire des scènes d’action, le sex-appeal de Juliette Lewis, la fullerienne beauté de l’histoire d’amour et l’ampleur démiurgique de la mise en scène font de Strange days une oeuvre époustouflante.
Même si, évidemment, l’an 2000 ne fut pas identique à celui imaginé par James Cameron et Kathryn Bigelow, force est de constater que ces shoots de réalité virtuelle, et notamment les implications qu’ils entraînent sur la mémoire et le désir, préfigurent avec une étonnante acuité notre monde hyper-connecté.
Kathryn Bigelow était d’autant plus grande qu’elle ne se prenait pas au sérieux. Sa virtuosité, patente aussi bien dans les très complexes plans-séquences en vue subjective que dans celui, hyper-grisant, de la foule réveillonnante vue du ciel, est ici totale.
Un scientifique amoureux d’une cousine ruinée et boudé par l’Académie menace de détruire Paris grâce à son invention.
Le drame mondain qui entame le récit est sans intérêt et typique du cinéma français de l’époque mais la partie « catastrophe » est suffisamment inventive pour rester impressionnante à l’heure des films de Roland Emmerich. De plus, Luitz-Morat est doué d’une véritable sensibilité plastique. Sa façon de filmer les arbres, les clairières et la lumière du jour préfigure Mizoguchi. Enfin, la jolie pirouette finale dote le film d’un niveau de lecture supplémentaire. Bref, c’est bien.
Après avoir tenté de se suicider, un agent d’assurance est soigné par un traitement révolutionnaire qui le rend invariablement content.
Fable d’anticipation grossière par différents aspects (les personnages secondaires-pantins au service de la démonstrations, l’outrance caricaturale de plusieurs séquences dans la dernière partie) mais qui retranscrit bien une certaine aliénation contemporaine. Le propos n’a pas pris une ride. Ainsi, les séquences où les héros s’extasient devant des spots de publicité évoquent immanquablement l’engouement délirant pour les vidéos de chatons sur youtube. Une certaine mollesse du rythme et un manque d’inventivité dans l’écriture de plusieurs scènes prometteuses n’empêchent pas Paradis pour tous de provoquer une jubilation féroce grâce notamment au sens de l’humour noir très développé de ses auteurs.
Le jour de la fête nationale, une petite ville de la baie du Maryland est ravagée par une infection bactériologique.
Une excellente surprise qui montre que les vertus traditionnellement attribuées au meilleur de la série B -concision, vivacité, inventivité formelle, franchise de la critique politique- ne sont pas encore mortes! On avait initialement proposé au vétéran Barry Levinson de réaliser un documentaire sur les conséquences néfastes de la pollution dans la Chesapeake Bay. Il a jugé qu’un film d’horreur intégrant un maximum de détails réalistes serait plus à même d’alerter le spectateur. D’où l’idée formelle à la base du projet: faire croire que The bay est un montage créé par l’héroïne du film pour alerter les internautes du scandale étouffé par les autorités. Ce montage aurait été réalisé à partir de sources diverses et variées: reportages, téléphones portables, caméras de surveillance, conversations webcam, images médicales…Techniquement, seule la qualité de la prise de son contrecarre ce postulat du « pris sur le vif » et les situations canoniques du film d’horreur (on pense aux Dents de la mer, à Alien) voient leur crédibilité renouvelée. L’ancrage dans la réalité est ainsi tellement probant qu’on n’a qu’une envie après la projection: taper « isopode » dans Google.
Mais ce n’est pas tout! Si, au-delà de sa fraîcheur formelle, The bay s’avère aussi percutant et aussi effrayant, c’est que Barry Levinson y fait montre de tout son talent de petit maître ayant vite assimilé les secrets du genre. Le récit, avec son unité de lieu, son unité de temps et sa multitudes d’actions est conduit avec une belle rigueur et 80 minutes suffisent à son déroulement. De plus, la mise en scène est particulièrement soignée et intelligente. On sent que, à l’opposé de la tendance contemporaine à la surenchère visuelle et au découpage fait par des robots, notre vieux routier du cinéma s’est, pour chaque séquence, posé les questions de base en vue de produire un maximum d’effets sur son spectateur: qu’est-ce qu’il faut montrer et qu’est-ce qu’il ne faut pas montrer? A quelle distance poser la caméra? Et les résultats sont là: les passages horrifiques surprennent le spectateur blasé et n’ont rien à envier aux clous des films de Jacques Tourneur ou de John Carpenter.
Bref, The bay est un digne descendant de Silver Lode, cette autre série B politique où un vétéran du cinéma américain filmait, en 1954, les festivités du Jour de l’Indépendance tourner au vinaigre.
Un ancien G.I de la seconde guerre mondiale a la faculté de revivre les différentes étapes de sa vie.
Un film tout à fait étonnant. Passé les premières réactions agacées devant l’éparpillement de la chronologie -coquetterie typique de l’époque-, on se rend compte qu’un tel dispositif n’a ici rien d’arbitraire, qu’il n’empêche pas la continuité dramatique (le montage s’assimile rapidement à un montage alterné quasi-griffithien) et qu’il donne toute sa dimension à une méditation sur la vie humaine certes un peu confuse mais nimbée d’un mélange de tendresse et d’ironie (voir la mise en scène de la mort de l’épouse) aussi subtil qu’attachant. Ce doux et étrange détachement fait finalement de Abattoir 5 une des plus pures expressions de la mélancolie produites par Hollywood (aux côtés par exemple de L’aventure de Mme Muir). La musique de Glenn Gould qui contient plusieurs morceaux de Bach, le kitsch assumé et charmant des passages dans l’Espace et des acteurs inconnus mais épatants (il est dommage pour le cinéma américain que Michaels Sacks ait abandonné l’art dramatique pour devenir trader à Wall Street) en sont les qualités les plus distinctes. Par ailleurs, les scènes de guerre à l’intérieur du film de science-fiction sont l’occasion pour George Roy Hill de porter un regard neuf et évocateur sur la seconde guerre mondiale (sans doute le conflit le plus vu au cinéma): voir la scène où un officier de la Wehrmacht ordonne à des prisonniers de guerre américains d’incinérer les Allemands tués dans les bombardements de Dresde.
Injustement condamné à mort, un homme s’évade. Pendant sa cavale, il traverse un désert où ont lieu des essais nucléaires. Son corps acquiert alors la dureté de l’acier…
Le dernier film du prolifique Allan Dwan est particulièrement sombre. Après avoir aligné les chefs d’œuvre édéniques et somptueux, le vétéran -toujours associé à Benedict Bogeaus- entreprend de raconter l’histoire d’un homme tiraillé entre un nihilisme vengeur et l’amour d’une femme qui le pousse à tout faire pour reconquérir son humanité. Le cinéaste y met le même génie fait de condensation et de simplicité frontale mais, à la luxuriance visuelle de Cattle queen of Montana, Passion et autres River’s edge s’oppose désormais la sécheresse monochrome de saisissants tableaux de désolation. Quelles qu’en aient été les éventuelles raisons économiques, il n‘y a qu’à voir la terrible fin où les militaires américains éradiquent l’importun au lance-flamme pour se rendre compte que le retour au noir et blanc de la part de Dwan est, esthétiquement parlant, amplement justifié. Génie d’une certaine série B américaine où contraintes de production et qualités de mise en scène ne sauraient être distinguées. Face à une telle ampleur désespérée dans le constat de l’impossibilité du retour parmi les hommes, Terminator II peut aller se rhabiller. Ron Randell, acteur australien qui n’a pas eu la carrière qu’il méritait au cinéma, excelle dans le rôle-titre tandis que Debra Paget est sublime en garce fragile prête à toutes les séductions pour sauver sa vie. Most dangerous man alive est ainsi un des très rares chefs d’oeuvre du cinéma américain classique de science-fiction.
Des scientifiques analysent un virus d’origine extraterrestre.
De la science-fiction qui se veut austère, sérieuse, documentée mais qui parfois ne peut s’empêcher de, grossièrement et maladroitement, dramatiser les évènements. Parfaitement assommant.
Sur une base en Alaska, des scientifiques et soldats américains ont affaire à une créature venue de l’espace.
C’est Christian Nyby qui est crédité comme réalisateur mais les connaisseurs du sujet s’accordent à dire que Howard Hawks, producteur et initiateur du projet, est responsable de la mise en scène. Je ne les contredirai pas. On retrouve en tout cas dans ce film la vision des rapports amoureux selon l’auteur de Rio Bravo, une vision où les femmes sont plus dégourdies que les hommes. La camaraderie du groupe n’est pas aussi développée que dans ses chefs d’oeuvre mais la proverbiale sobriété de son style insuffle un sérieux bienvenu à un genre qui pèche souvent par excès de kitsch. Ici, il n’y a que l’aspect visuel du monstre qui est ridicule. Heureusement, on le voit peu. La retenue des acteurs est particulièrement appréciable. Kenneth Tobey incarne bien le professionnel impassible dans l’adversité cher à Hawks. Son personnage vaincra grâce à son intelligence de la situation. Cette approche éminemment concrète du drame est ce qui fait de La chose d’un autre monde un spectacle intéressant en dépit de certains ressorts dramatiques éculés (l’opposition savants/soldats est particulièrement schématique).
Un ouvrier noir resté coincé dans les égouts s’aperçoit lorsqu’il remonte à la surface que presque tout le monde est mort suite à une guerre nucléaire.
L’artifice de cet argument est à l’image de l’ensemble d’un film lourdement humaniste.
Un savant qui a prédit la collision entre une comète et la Terre lutte pour réconcilier l’humanité avant sa fin.
Le contraste entre l’ambition démesurée du propos et la puérilité d’une dramaturgie basée sur des intrigues de romans de gare d’ailleurs mal ficelées contribue grandement au ridicule de La fin du monde. Mais ce n’est pas tout. S’ajoute au passif du film le consternant surjeu des comédiens. Abel Gance lui-même dans le rôle d’une espèce de Christ moderne est particulièrement risible. Génie hugolien de l’art muet, le cinéaste n’avait de toute évidence pas encore intégré cette nécessité première du parlant: le naturel des apparences.
Néanmoins, il ne faudrait pas être trop dur avec Abel Gance qui a ici le mérite d’être autrement plus ambitieux que ses collègues à une époque où la frilosité devant la nouvelle technique guidait la majorité des cinéastes sans d’ailleurs que leurs films ne soient forcément meilleurs (essayez de me trouver un bon parlant français sorti avant 1931). A tort ou a raison, La fin du monde a été ramenée d’une durée de 3 heures à une durée de 1h30 par ses producteurs mais l’auteur était le premier à reconnaître son échec en 1964 lors d’une présentation de son film à la cinémathèque. Reste les grandioses plans de destruction de la fin.
Cri d’un pacifiste hanté par la première guerre mondiale et les spectres politiques de son temps, La fin du monde est aussi un film dont la sincérité et le caractère éminemment personnel ne font jamais aucun doute (contrairement à Melancholia par exemple).
Alors qu’il essaye un nouvel avion, un pilote de chasse américain se retrouve dans un futur dévasté.
L’indigence de cette série Z n’empêche pas un singulier travail sur les décors dessinés par Ulmer lui-même. Si le film n’est pas des plus passionnants, on notera qu’il n’est pas complètement nul non plus. Son intrigue n’est pas simpliste et il fallait oser réaliser un film ouvertement anti-nucléaire en 1960, c’est à dire au plus fort de l’équilibre de la terreur. Avec trois bouts de ficelle, le cinéaste arrive à exprimer une certaine désolation quant au devenir de l’humanité.
Un naufragé se retrouve sur une île où un savant anglais travaille sur des créatures hybrides.
Quoique paraissant aujourd’hui assez conventionnel, cette première adaptation du roman de H.G Wells s’inscrit pleinement dans cette sorte d’âge d’or du cinéma fantastique que fut le début des années 30 à Hollywood. Certes, on n’y retrouve pas la poésie douloureusement humaniste d’authentiques chefs d’oeuvre tels que La fiancée de Frankenstein ou Freaks mais le jeune Charles Laughton fait merveille dans le rôle du maniéré docteur Moreau, les maquillages restent impressionnants, l’atmosphère étrange est bien rendue grâce à la photo et à des personnages originaux et bien caractérisés (la femme-panthère!) et le tout a le mérite, typique de l’époque, d’être concis. Un bon film donc.
Le titre est un parfait résumé du film.
Et pourtant celui-ci ne cesse de surprendre. C’est que l’idée de base, loin de stériliser l’inventivité des auteurs, entraîne les idées de mise en scène. L’environnement du héros est le moteur de la narration. Un canapé, une paire de ciseaux, une araignée, une maison de poupée…sont autant d’éléments concrets générateurs de péripéties et qui font de L’homme qui rétrécit un formidable film d’aventures. Une buanderie devient un territoire aussi riche de possibles que l’Amazonie. D’une façon élémentaire donc implacable, L’homme qui rétrécit montre que l’homme possède en lui les ressources intellectuelles et morales lui permettant de maîtriser n’importe quel environnement hostile. On appréciera également la fin -aussi logique qu’inattendue- qui donne une portée cosmique à ce poème humaniste. L’homme qui rétrécit est véritablement une quintessence de la « série B » américaine.
Trois gamins un peu en marge de leurs camarades d’école construisent un vaisseau spatial.
J’aurais suradoré Explorers si je l’avais découvert à l’âge de 10 ans. Aujourd’hui, les clichés narratifs, le fétichisme de nerd (ha, cette fascination béate pour les ordinateurs) ou encore la dernière partie auto-complaisante et longuette sont autant de réserves que je porte à l’appréciation du film. Celui-ci n’en reste pas moins une réussite grâce à la foi de Joe Dante et son équipe dans ce qu’ils racontent. Foi qui se manifeste notamment à travers un soin artisanal apporté à tous les aspects de la réalisation de l’oeuvre: photo, musique, mouvements de caméra…Tout cela est d’une parfaite élégance.
Dante insuffle un vrai sens du merveilleux à son film et l’excitation des enfants qui s’envolent est communiquée par une mise en scène jubilatoire qui ne verse jamais dans la surenchère. Le discours de l’oeuvre n’est pas aussi immature qu’on aurait pu l’imaginer au début: le rêve doit avoir une fin et permettre de mieux affronter la réalité. C’est assez convenu mais ce n’est pas puéril. Et puis de toute façon, un film qui cite explicitement Thunder road de Bruce Springsteen est un film hautement recommandable…