Duel dans la boue (These thousand hills, Richard Fleischer, 1959)

Dans une ville du Far-West, l’ascension d’un jeune homme ambitieux.

Duel dans la boue est une fable romanesque sur l’arrivisme corrupteur qui utilise pas mal de conventions narratives mal digérées. Ainsi de la caractérisation du méchant, trop systématiquement opposé au héros pour être crédible. Il n’y a pas non plus beaucoup d’action et le récit avance plus à travers des dialogues en intérieurs qu’à travers des chevauchées.

Néanmoins, Duel dans la boue est un bon western car la mise en scène de Richard Fleischer étoffe considérablement un scénario trop souvent simpliste. Prenons pour exemple la séquence du lynchage. D’abord, la sécheresse du découpage et la brutalité des cadrages lui insufflent une force dramatique comme seuls savaient le faire les maîtres hollywoodiens de l’époque. Mais ce n’est pas tout. Fleischer nuance la grossièreté de la situation en faisant tirer un des lyncheurs sur la corde. Ce geste furtif n’influencera guère la suite de l’histoire (le lynché était en fait déjà mort) mais charge d’un poids d’humanité ce qui était écrit sur le papier. Les personnages ne sont alors plus des pantins asservis à la mécanique (pas très brillante) du scénario mais des êtres de chair et de sang dont les réactions peuvent contredire le sens général d’une scène.

A ce titre, si le héros est le réceptacle quelque peu forcé du discours des auteurs sur les méfaits de l’ambition, la prostituée interprétée par Lee Remick est un magnifique personnage. Elle est le reflet à la fois biaisé et exacerbé du drame. Le jeu détaché de l’actrice, son charme évanescent et, évidemment, le bleu insondable de ses yeux sont pour beaucoup dans la beauté de Duel dans la boue.