Père et fille (Jersey girl, Kevin Smith, 2004)

Son épouse décédée pendant l’accouchement de leur fille, un brillant attaché de presse new-yorkais retourne chez son père, dans le New Jersey.

Pourquoi ce film, malgré ses ficelles démagogiques (cf le regrettable dénouement qui envoie valdinguer toute la subtilité qui l’a précédé), les envahissantes chansons pop qui neutralisent parfois la vérité des images et les limites de Ben Affleck dans sa grande scène lacrymale, exhale t-il souvent un parfum d’émouvante sincérité? Il y a d’abord la fraîcheur de la gamine, adorable Raquel Castro. Il y a ensuite un mélange des tons qui fonctionne tellement bien que son audace est oubliée: faire rire avec un père de famille qui loue un DVD porno parce qu’il est veuf, ce n’est pas rien. Il y a surtout la tendresse perceptible de l’auteur pour son attachante galerie de personnages interprétée par des comédiens au minimum sympathiques. Dans ses meilleurs moments, Kevin Smith fait exister à l’écran une communauté familiale quasi-utopique ou met en scène l’amour entre un père et sa fille avec une sentimentalité directe qui touche en plein coeur.

Méprise multiple (Chasing Amy, Kevin Smith, 1997)

Un dessinateur de B.D tombe amoureux d’une lesbienne.

Quelques coquetteries de montage altèrent moins la grandeur mccareyenne de cette comédie romantique que la relance du récit, à mi-chemin, qui sent sa convention puritaine quoique le film soit « indépendant »: alors qu’ils nagent en plein bonheur, le mec apprend que sa dulcinée, qui a trente ans, a eu des amants avant lui et en fait une maladie.

A part ça, il y a de beaux personnages secondaires, à la fois très typés et doués de singularité, de longs dialogues, entre verdeur bigardienne et épanchements rohmériens, qui frappent par leur justesse et un Ben Affleck convaincant. Face à lui, Joey Lauren Adams campe un personnage attachant mais dont le jeu dans les scènes d’emportement semble parfois exagéré.