Par affection pour un jeune homme fougueux qui lui rappelle son fils décédé, un cow-boy solitaire s’installe dans une ville où il est choisi comme shérif…
Si le thème de l’histoire fait penser à d’autres films de l’auteur, il n’est pas étonnant que A l’ombre des potences soit aussi peu considéré aujourd’hui lorsqu’on se rappelle la filmographie de Nicholas Ray. En effet, la mise en scène, empesée par la lourdeur propre aux westerns Paramount, est dénuée du lyrisme plastique de Amère victoire, La fureur de vivre et autres Maison dans l’ombre. Les conventions y sont mal digérées. Après un début intéressant, le scénario dilue sa ligne dramatique principale dans des péripéties plus artificielles les unes que les autres. Ainsi, l’histoire d’amour, qui rappelle à plusieurs égards My darling Clementine, n’a aucune crédibilité faute du génie idyllique d’un Ford pour la sublimer. Un fait, pas si anecdotique que ça lorsqu’on se rappelle l’importance de la poussière dans les westerns de John Ford, en dit long sur le manque de conviction du metteur en scène: l’état toujours impeccable du brushing des acteurs même lorsque leurs personnages sont censés dormir à la belle étoile après plusieurs jours de chevauchée dans le désert. L’effet de réel, si important dans le genre, est anéanti sans pour autant être remplacé par une somptuosité baroque façon Johnny Guitar. Ne sachant visiblement que faire du VistaVision comme des paysages grandioses et insolites à sa disposition, Nicholas Ray a signé un film pas franchement mauvais mais académique. Ce sont James Cagney, impeccable, et le fond commun mythologique du genre qui parviennent à maintenir l’intérêt du spectateur pour les inepties qui lui sont racontées.