Leviathan (Léonard Keigel, 1962)

Dans une ville de province, un professeur particulier tombe passionnément amoureux d’une blanchisseuse aux moeurs légères.

Quoique tourné en 1961, ce premier film de Léonard Keigel n’a rien à voir avec la Nouvelle Vague. Adapté par Julien Green d’un de ses propres romans, Leviathan est un film au classicisme brillant et hautain. Même si les cadres larges ancrent l’action dans un village français, c’est dénuée de tout naturalisme, de toute digression pittoresque. Ce style distancié -à la façon de Lang et non à celle de Brecht- opacifie parfois les personnages féminins, qui sont mus par la passion. En revanche, même si elle ne suffit pas à crédibiliser une articulation du scénario aussi décisive que poussive, l’interprétation de Louis Jourdan est étonnamment intense. De plus, la Verklärte Nacht de Schönberg insuffle un romantisme wagnérien aux séquences froidement composées. Bref, Leviathan est une tragédie admirable et, finalement, très belle.