Tandis qu’un jeune militant d’extrême-droite radicalise son engagement et part en cavale, sa femme s’éloigne de lui.
Ce premier film d’Alain Cavalier laisse une impression mitigée. L’absence de jugement sur la conduite du personnage principal déroute d’autant que la fin éminemment ambiguë donne raison à la violente morale qui est la sienne. Cela ne veut pas dire que le film soit expressément fasciste mais on peut se demander où est l’intérêt de raconter froidement et objectivement l’itinéraire d’un tel personnage. La réflexion sur la violence, la loi et le mal* qui semble avoir été ambitionnée par l’auteur est pour le moins vague. Elle n’est pas incarnée d’une façon aussi évidente et claire qu’elle peut l’être dans de bons westerns (le propos est proche de celui de L’homme qui tua Liberty Valance, sorti la même année).
Le problème est peut-être que les actions d’un personnage aussi borné, aussi unidimensionnel, que celui de Trintignant filmées avec une telle neutralité et insérés dans un contexte aussi abstrait n’ont guère de signification -dramatique ou morale. Il y a quelque chose d’absurde dans un tel récit. Heureusement, à partir du moment où le film cesse de suivre ce personnage, Le combat dans l’île devient intéressant car, enfin, un drame se noue, drame qui plus est bien servi par un metteur en scène talentueux.
*dans un entretien donné vingt ans après la réalisation du film, Cavalier a affirmé vouloir montrer qu’il faut se salir les mains pour en finir avec un fasciste