La 25ème heure (Spike Lee, 2002)

Les dernières 24 heures en liberté d’un dealer new-yorkais avant qu’il ne purge sa peine de sept ans de prison.

Les artifices d’écriture (l’unité de temps qui sert à facilement récapituler tous les aspects de la vie du personnage, le sur-signifiant monologue face au miroir) et l’abondance de plans inutiles au début sont des défauts véniels face à l’ampleur cosmique qu’a su insuffler Spike Lee à cette poignante histoire de rédemption.  Le contexte post 11-Septembre est finement évoqué, via notamment un travelling aussi sublime qu’inattendu sur les ruines, et la fin, qui emmène vraiment le film ailleurs, fait de La 25ème heure un grand film américain.

He got game (Spike Lee, 1998)

Un détenu se voit offrir par le gouverneur une possibilité de liberté conditionnelle s’il convainc son fils, meilleur espoir du basket américain, d’entrer à l’université de l’état.

Le lourd secret entre le père et le fils fait de He got game, fondamentalement, un drame familial. Le récit part un peu dans tous les sens, certaines scènes tirent en longueur, le point de vue est plus sentimental que critique (même si les dessous du basket américain sont brocardés), la pompière musique de Aaron Copland hyperbolise les scènes de basket et le dénouement manque de crédibilité. Toutefois, l’élan lyrique de la réalisation transfigure cette dialectique familialo-sportive attendue mais belle.

Clockers (Spike Lee, 1995)

A Brooklyn, un jeune dealer noir est soupçonné d’un meurtre dont son frère, père de famille rangé, s’est accusé.

Le noeud de l’intrigue est invraisemblable mais peu importe car il n’est qu’un prétexte à un petit film choral sur les Noirs face au trafic de crack à Brooklyn au début des années 90. La virtuosité de Spike Lee insuffle de la vie, de la tension et de l’émotion. Les rapports de Harvey Keitel avec son suspect apportent une certaine grandeur.

Crooklyn (Spike Lee, 1994)

A la fin des années 60, une mère de famille noire tente de maintenir le cap avec ses six enfants et son mari musicien aux revenus incertains.

Spike Lee réalise un film semi-autobiographique mais se focalise sur le point de vue de la seule fille de la fratrie. C’est une chronique familiale avec les défauts et les qualités que le genre suppose: foisonnement d’événements variés, coups de coude au spectateur frôlant la démagogie. Ainsi, si l’abondance de tubes Motown peut théoriquement se justifier par l’époque et la couleur des personnages, leur utilisation -toujours irrésistible- apparaît aussi facile que les morceaux de Bach chez Tarkovski. Les personnages, interprétés avec naturel, sont tous (plus ou moins) sympathiques. Pourtant, certain racisme latent n’est pas éludé tel qu’en témoignent les scènes malaisantes avec le voisin blanc. L’anamorphose des séquences à la campagne fait penser à une erreur de tirage au lieu de figurer la distance de l’héroïne avec ses cousins mais les mouvements de caméra sophistiqués insufflent fluidité et unité au récit fourmillant. Le résultat est un film riche en émotions diverses dont la morale pourrait être la même que celle du Fleuve de Jean Renoir: par-delà les douleurs les plus scandaleuses, la vie continue. Crooklyn est donc une attachante réussite.

Nola Darling n’en fait qu’à sa tête (She’s gotta have it, Spike Lee, 1986)

A Brooklyn, une femme se partage entre trois amants.

Cas typique de « premier film ». Un sujet rebattu est ancré dans une réalité chère à l’auteur et vivifié par des coquetteries de débutant découvrant tout ce qu’il peut faire avec une caméra et une table de montage. La douceur générale rend le tout assez sympathique.