Un ouvrier américain faussement accusé de sabotage cherche à prouver son innocence en infiltrant un réseau d’espions.
La première partie est vraiment bien: les rencontres du fugitif avec différents marginaux (aveugle, monstres de cirque) qui choisissent de l’aider envers et contre les apparences insufflent un discret parfum de transcendance chrétienne à une cavale par ailleurs menée avec un impeccable sens du rythme et une jubilatoire profusion d’inventions. La suite qui confronte le héros à un grotesque cercle d’espions mondains, même si elle comporte plusieurs plans extraordinaires, a fait ressortir ma hitchcockophobie: grandes déclarations qui sonnent faux (le ton tranche d’avec la fantaisie tintinesque de Correspondant 17: entretemps l’Amérique est entrée dans la guerre), invraisemblances en pagaille, gratuité des péripéties, découpage parfois guidé par le goût du clin d’oeil plus que par la logique (la fusillade dans le cinéma), romance qui prend de la place mais qui reste au stade de la convention…On est aux antipodes de la densité -et de la poésie- d’Espions sur la Tamise, chef d’oeuvre de Fritz Lang au sujet analogue. Mais impossible de faire la fine bouche devant le remarquable finale sur la statue de la Liberté. Cinquième colonne est un film insatisfaisant mais brillant.