Le jour de leur exécution, des condamnés à mort s’évadent…
Un modèle de polar: la structure est simple mais orchestrée avec une habileté remarquable: le rythme est nerveux, il n’y a pas un plan en trop et ces plans sont beaux (noir et blanc contrasté de Stanley Cortez), denses (voir par exemple l’utilisation de la profondeur de champ dans la planque) et dynamiques: l’action est quasi-continue et l’espace parfaitement géré puisque clarifié et dramatisé.
L’interprétation est excellente, avec à sa tête un grand Edward G.Robinson qui insuffle une épaisseur humaine à son personnage sans pour autant escamoter sa méchanceté. Le fait que les gangsters luttent pour leur vie confère d’emblée une grande intensité dramatique au film sans que les auteurs n’aient à se rendre complaisants vis-à-vis de crapules. Il y a certes le conventionnel « méchant un peu gentil » mais il est écrit et interprété -par Peter Graves- avec suffisamment de sécheresse pour ne pas que l’oeuvre bascule dans une sentimentalité de mauvais aloi.
Le film maintient jusqu’au bout sa grande dureté de ton, nonobstant de petites concessions*. Enfin, la concision du découpage n’empêche pas plusieurs trouvailles insolites, la première étant d’ouvrir le film sur un chanteur de blues dans le couloir de la mort; ouverture qui dévoile les ressorts profonds de ce polar de série: la mort et les sentiments de fatalité ou de peur qu’elle engendre chez l’homme, qu’il soit criminel ou honnête.
*malgré la violence qui me semble exceptionnelle pour l’époque, certaines conventions « de bonne moralité » demeurent, certaines compréhensibles (on ne touchera pas un cheveu du prêtre), d’autres moins: si l’assassinat de l’otage flic avait été fait de sang-froid et pas pendant qu’il fuit, le résultat narratif aurait été le même mais l’impact aurait été encore plus fort.