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Une bande de bandits en automobile accumule les braquages sanglants…
En mettant en images -et en romançant à peine- les forfaits de la bande à Bonnot (renommé ici « Bruno ») qui défrayait alors la chronique, Victorin Jasset invente pour ainsi dire le film de gangsters. En effet, la narration se focalise sur le gangster plus que sur les policiers à sa poursuite. Lors de la reconstitution du siège de Choisy, l’accent est mis sur l’hubris délirante de Bruno, ce qui annonce la fameuse fin de L’enfer est à lui, l’absolu chef d’oeuvre du genre. D’ailleurs, la primauté donnée à l’action, le rythme soutenu, le vernis documentaire et le sens du tragique font de Jasset une sorte de tonton français de Raoul Walsh (qui n’avait alors même pas commencé à faire des films).
Aussi bien en terme de composition de l’image que de découpage, le cinéaste fait preuve d’un esprit d’invention tout à fait épatant. Ainsi d’une course-poursuite filmée en plan-séquence avec une caméra fixée sur une voiture lancée à toute allure. L’effet produit demeure stupéfiant. Qu’il soit mort en 1913 peut expliquer l’oubli dans lequel Victorin Jasset est tombé mais son apport au septième art semble capital et les programmateurs seraient bien avisés de lui consacrer une rétrospective plutôt que de célébrer le sempiternel et surestimé Feuillade (il y a plus d’intelligence du cinéma dans les trente minutes de Bandits en automobile que dans les six heures des Vampires, pourtant réalisés 3 ans après).