Sur la côte d’Azur, un écrivain pour la radio est séduit par une femme mystérieuse chapeautée par un avocat qui lui apprend qu’elle est une meurtrière.
Un problème: avec sa face simiesque, non mise en valeur par le maquillage, Mireille Darc n’est pas crédible en femme fatale, en tueuse à laquelle s’accrochent plusieurs hommes parfaitement renseignés sur sa dangerosité. Pourtant, le film est une étonnante réussite du film noir à la Française. C’est que si les scènes entre Claude Brasseur et Mireille Darc sombrent parfois dans une certaine trivialité, celles avec Alain Delon insufflent un romantisme sombre et douloureux mais d’autant plus beau qu’il reste latent jusqu’à la sublime explosion de mélancolie du dénouement. A noter que la star, si souvent brocardée pour son narcissisme, n’apparaît que près d’une demi-heure après le début du film et que son personnage est presque secondaire par rapport à celui de Claude Brasseur. Il y a cependant dans ses scènes avec Mireille Darc des gestes d’une tendresse poignante et vraie qui, avec le concours de la musique de Philippe Sarde, transfigurent le simple polar que Les seins de glace aurait pu être mais qu’il n’est de toute façon pas, de par l’audace discrète de son écriture: changement de personnage principal en cours de route, sentimentalité des héros…Le découpage de Georges Lautner, en dehors de quelques zooms malencontreux, est à la hauteur de cet ambitieux récit: sans beaucoup de données dramatiques, à partir d’un décor par exemple, le réalisateur sait engendrer la tension.