Leur mère hospitalisée, deux enfants sont emmenés chez leur grand-père à la campagne.
Filandreux, distancié
On se fait vraiment chier
Leur mère hospitalisée, deux enfants sont emmenés chez leur grand-père à la campagne.
Filandreux, distancié
On se fait vraiment chier
Dans une ville côtière à la fin des années 60, un jeune garçon demande à un ermite défiguré qui fut professeur de l’aider à passer le concours d’entrée de l’académie d’aviateurs dans laquelle il rêve d’entrer.
Quelques incohérences scénaristiques n’empêchent pas cette jolie fable d’être rondement menée et de toucher par la justesse de son appréhension de la psychologie enfantine et par la force de son lyrisme (belle musique de James Horner et paysages somptueusement filmés au diapason des états d’âme des deux personnages).
Dans l’Allemagne ravagée par la seconde guerre mondiale, un enfant rescapé des camps quitte ses nourrices américaines tandis que sa mère le recherche, de son côté.
La cruelle audace des vignettes sur les gosses victimes de la guerre n’a pas grand-chose à envier à celle de Rossellini: l’influence de Allemagne année zéro dans cette production MGM est prégnante même si nimbée d’un discours édifiant d’autant plus estimable qu’il n’est dénué ni de glaçante précision (Auschwitz est nommé) ni d’une certaine finesse (les séquences avec le petit imposteur juif). La force dramatique de ce que Les anges marqués vise à documenter est rehaussée par les vertus typiquement hollywoodiennes de la mise en scène: maîtrise du cadre, concision du découpage, sens de la suggestion. Cependant, la sécheresse du style de Fred Zinnemann, à la limite de l’aridité, est aussi la limite du film: elle ne contribue pas à étoffer un récit et des personnages parfois trop schématiques. Ce n’est pas si grave: comme dans les grands films italiens ou japonais contemporains sur le même thème, la puissance émotionnelle intrinsèque des séquences se suffit souvent à elle-même.
Une mère dont le fils a disparu se met à travailler dans un orphelinat…
L’intrigue mélodramatique n’est guère convaincante, surtout dans sa désolante dernière partie, mais celle-ci a en fait peu d’importance. Hiroshi Shimizu s’attache à une succession de moments qui montrent ce qui lui tient à coeur: le travail éducatif, la détresse affective des orphelins et, surtout, le lien d’implication entre tragédie intime et dévouement à autrui. Si on fait abstraction des excès sentimentaux de la musique, il le fait avec la grâce propre à ses plus beaux films: délicatesse des travellings, inscription du drame dans des paysages accueillants, finesse du jeu des comédiens, humour jamais tout à fait absent. Certains moments, tel les adieux avortés du fils à son père, sont parmi ce que Shimizu a filmé de plus émouvant.
Suite des Enfants de la ruche. Les orphelins réunis par un éducateur travaillent dans une ferme collective.
Sans atteindre le sommet absolu qu’est le premier volet car forcément moins puissant dramatiquement parlant, ce nouveau film sur les enfants recueillis par Hiroshi Shimizu après la Seconde guerre mondiale fait partie des réussites du cinéaste. Cette fois, le stakhanoviste Shimizu se retrouve bel et bien dans son élément: peu importe la ténuité du prétexte narratif (et édifiant) car, depuis le travelling d’ouverture où une jeune journaliste est suivi le long d’un chemin de campagne jusqu’au superbe plan large final, le metteur en scène saisit régulièrement la grâce. Loin d’être gratuite, cette beauté de l’éphémère lui permet notamment de montrer les diverses implications sociales du sentiment de honte: celle qui socialise et celle qui fait frôler la catastrophe. Sans la moindre prétention, l’auteur se paye même le luxe d’un deuxième degré post-moderne avec le début où les enfants commentent ce qu’on leur a fait jouer pour le film précédent, alternant l’ironie la plus cocasse et l’émotion la plus vraie avec la rapidité du battement d’ailes d’un sasakia charonda. Grand.
Un grand-père croise son ancienne institutrice et se souvient ses années d’école primaire, avec un instituteur brillant mais anticonformiste.
Cette académique adaptation du roman de Edmondo de Amicis n’a pas la sensibilité de celle de Comencini.
Dans le quartier commerçant de Ginza, un homme-sandwich prend en charge une petite fille qui a perdu sa mère et part à la recherche de cette dernière.
Passant de la campagne à la ville, Shimizu n’a rien perdu de son style. Désormais, ses longs travellings et d’amples mouvements à la grue permettent de restituer l’immensité des centres commerciaux et l’anonymat de Tokyo. Sans insister, avec une succession d’aperçus aux frontières du documentaire, l’auteur montre la soumission mercantile des Japonais -surtout des Japonaises- aux touristes occidentaux et les effets négatifs de la société de consommation. D’entraînantes scènes de cabaret, filmées en d’impecables plans-séquence, montrent que Shimizu lui-même ne rechigne pas à exploiter les recettes de l’industrie américaine du divertissement pour agrémenter son oeuvre. Comme souvent dans ses films, le noeud de l’intrigue dévoilé à la fin révèle la profonde cohérence de l’errance qui a précédé. Bref, sans être aussi plein d’instants de grâce que Monsieur Merci ni aussi émouvant que Les enfants de la ruche, Le profil de la ville est une nouvelle réussite à l’actif de Shimizu.
A la fin du XIXème siècle en Italie, un pauvre ébéniste crée une marionnette qui se transforme en petit garçon…
La haute réputation de cette télésuite en 6 épisodes chez certains éminents cinéphiles m’interroge. Si le début dans le village enneigé et misérable frappe par une certaine âpreté presque documentaire, la suite est longue et répétitive dans ses péripéties, de plus en plus artificielles: sans cesse, le gamin -doté d’une des pires têtes à claques vues au cinéma- dévie du bon chemin et s’en trouve puni. J’ai eu peine à croire que le budget avait été très important tant les images sont indigentes, le découpage sans invention et la musique ressassée. Les scènes entre Gepetto et Pinocchio sont assez touchantes mais finalement, sur les six heures que dure l’oeuvre, très rares. Pour autant, d’après mon souvenir, la version « courte » pour le cinéma n’est guère plus passionnante. Sur le thème de l’enfance, Luigi Comencini a fait tellement et si souvent mieux.
Un quinquagénaire parti avec son amant retrouver sa soeur qui vit avec deux nièces croise les fantômes de son enfance.
L’écriture est inaboutie donc l’impression d’artifice de conception subsiste.
Un enfant élevé par sa mère seule identifie un contrebandier comme une figure paternelle.
Attention, rien à voir avec Moonfleet. Matarazzo oblige, on est ici dans le mélodrame. C’est agencé avec une sobriété narrative et un sens de l’épure visuelle qui nous attache directement aux personnages. Ma réserve principale porte sur le manque de lyrisme, d’approfondissement, de détails de la mise en scène dans les acmés, particulièrement celui du sublime retournement final qui aurait gagné en justesse humaine et en force émotionnelle s’il avait été davantage étayé. Peut-on réaliser un chef d’oeuvre dans le genre mélodramatique en restant perpétuellement épuré donc schématique? Je ne le crois pas. Cependant, ce sens de l’épure donne aussi une dimension quasi-mythologique aux personnages et aux situations dramatiques. C’est ainsi qu’il émane de ce mélo une vérité sur la virilité et la paternité qui semble venue du fond des âges. Dernier des six films réalisés par Matarazzo avec le couple Nazzari/Sanson, Malinconico autunno est également le meilleur.
A la fin de la guerre, des enfants sans toit se regroupent en bande et se mettent à voler…
Des idées fortes (l’enfant qui vole les bottes du pendu) gâchées par un réalisateur qui a préféré les effets de manche vaguement expressionnistes et les messages superficiellement et lourdement assénés à la profondeur de l’écriture. Infiniment inférieur aux Enfants du nid d’abeilles.
Pendant une année scolaire, deux frères dont le père est malade renouent avec leur grand-père.
Suite des Enfants dans le vent qui fut exploitée sous la forme de deux films de 70 minutes chacun. C’est toujours d’après les romans pour la jeunesse de Jōji Tsubota. Les défauts -ou particularités- sont accentués par la longueur accrue. En effet, le rythme n’a plus aucun nerf et la dédramatisation vire à l’inconsistance. Rarement un décès de parent aura suscité aussi peu d’émotion au cinéma. La sécheresse de la fin est presque conceptuelle…Le découpage de Shimizu, moins souple et plus primitif qu’il ne le fut, semble souvent en pilotage automatique, encore que la profondeur de champ dans certains plans soit remarquable. A cause du flou de la motivation des personnages (et de spécificités culturelles qui m’ont échappé?), les intrigues, notamment financières, des adultes sont moins compréhensibles que jamais. Reste, comme souvent chez Shimizu, de fraîches images des enfants dans une campagne superbe et, quand même, une poignée de scènes où la touche du metteur en scène ressemble à du tact plus qu’à de la désinvolture (la rédaction de Sampeï).
Dans une cité, différents jeunes gens sont confrontés à la violence paternelle ou à la délinquance.
La beauté visuelle et la fluidité de la mise en scène n’ont d’égale que l’épaisseur démagogique du récit. En dépit de la dureté apparente des péripéties, les bons sentiments noient trop l’écriture pour que la peinture sociale et psychologique puisse être prise au sérieux. Certains dialogues sont consternants de littéralité. Un des torts des auteurs est de tourner le dos à la dialectique et d’oublier alors que les victimes sont rarement des anges, au contraire par exemple de Pialat quand il tournera L’enfance nue. Pourtant, il est facile de se laisser emporter. Outre la virtuosité déjà signalée de la réalisation, la multiplicité variée des personnages relance régulièrement l’intérêt et évite de trop s’appesantir sur des situations qui, en elles-mêmes, ne sortent pas de la convention. L’excellente distribution -en tête de laquelle figurent Serge Grave que l’on avait déjà vu dans Les disparus de Saint-Agil ainsi que le formidable Jean Tissier- donne vie à tout un microcosme attachant et, c’est particulièrement patent avec le sympathique salaud joué par Tissier, nuance le manichéisme du discours.
Les parents d’une petite fille divorcent.
Un drame court, sec et juste. Voir un film hollywoodien montrer, avec autant de cruauté tranquille que chez Luigi Comencini ou Mikio Naruse, des parents se désintéresser de leur progéniture stupéfie. Coup d’essai, coup de maître pour Richard Fleischer.
Un enfant parti visiter sa grand-mère à Berlin se fait voler son argent dans le train et, aidé, par les gamins du coin, cherche le voleur.
M le maudit en version enfantine, simpliste et, à force de manichéisme stupide, douteuse idéologiquement parlant.
Par la force des circonstances, le jeune héritier du trône d’Angleterre et un vagabond du même âge intervertissent leurs identités.
Les images sont jolies mais, comparé aux films réalisés à la même époque, dans le même genre et pour le même studio par Michael Curtiz, le film n’est guère trépidant et peu dynamique. Bien sûr, le fait que Errol Flynn ne soit ici qu’un second rôle n’apparaissant pas avant la moitié du métrage contribue également à cette différence mais le récit manque d’un point de vue affirmé et certaines séquences se dispersent dans le décoratif (le couronnement).
Dans un village au bord du Mississipi, un gamin fait les quatre cent coups.
Jack Pickford, 20 ans, est beaucoup trop âgé pour le rôle éponyme mais le décor naturel de la campagne américaine donne une certaine fraîcheur à cette adaptation d’un roman dont les péripéties les plus dramatiques ont été escamotées (elles furent traitées dans une suite sortie l’année suivante). En résulte une chronique sympathique mais dépourvue d’unité forte.
A la fin des années 60, une mère de famille noire tente de maintenir le cap avec ses six enfants et son mari musicien aux revenus incertains.
Spike Lee réalise un film semi-autobiographique mais se focalise sur le point de vue de la seule fille de la fratrie. C’est une chronique familiale avec les défauts et les qualités que le genre suppose: foisonnement d’événements variés, coups de coude au spectateur frôlant la démagogie. Ainsi, si l’abondance de tubes Motown peut théoriquement se justifier par l’époque et la couleur des personnages, leur utilisation -toujours irrésistible- apparaît aussi facile que les morceaux de Bach chez Tarkovski. Les personnages, interprétés avec naturel, sont tous (plus ou moins) sympathiques. Pourtant, certain racisme latent n’est pas éludé tel qu’en témoignent les scènes malaisantes avec le voisin blanc. L’anamorphose des séquences à la campagne fait penser à une erreur de tirage au lieu de figurer la distance de l’héroïne avec ses cousins mais les mouvements de caméra sophistiqués insufflent fluidité et unité au récit fourmillant. Le résultat est un film riche en émotions diverses dont la morale pourrait être la même que celle du Fleuve de Jean Renoir: par-delà les douleurs les plus scandaleuses, la vie continue. Crooklyn est donc une attachante réussite.
Un veuf père d’une petite fille épouse la mère d’un petit garçon…
Cette étrange pépite du cinéma français des années 30 commence comme une évocation naturaliste nourrie de détails très concrets (les enfants qu’on met sur le palier pour pouvoir faire l’amour), continue comme un mélodrame au schématisme un peu expéditif et s’achève en beau conte de Noël. Non seulement les registres varient au fur et à mesure de la projection mais l’intérieur de chaque partie est équilibré par un contrepoint. Chaque plan, chaque phrase, chaque inflexion du récit contient sa propre critique. Ce sens dialectique culmine dans le double sens de la réplique finale. L’interprétation aux mille nuances de Pierre Larquey (fût-il jamais meilleur que chez Bernard-Deschamps?) et la justesse des enfants empêchent l’excès pathétique. La longue errance du personnage principal préfigure l’amertume de la dernière partie de Place aux jeunes; d’ailleurs, La marmaille est un peu à Place aux jeunes ce que Place aux jeunes est à Voyage à Tokyo.
Dans une colonie de vacances, un gamin turbulent agace le directeur…
Le formalisme de Klimov fait apparaître ses personnages comme des pantins déplaisants. Je gage aussi que l’humour russe me passe au-dessus de la tête tant je trouve les gags de cette comédie qui fut un énorme succès en URSS peu inventifs.