Une petite ville isolée est menacée par les Apaches.
Dernier film produit par Val Lewton (La féline, Vaudou, La septième victime…), Quand les tambours s’arrêteront jouit d’un certain prestige chez les amateurs de western. Il est vrai qu’il réunit les qualités propres aux meilleures séries B: subversion des codes du genre, évidence de l’exposition, rapidité de la narration, richesse des enjeux dramatiques, efficacité de la mise en scène. Qualités dont Hollywood a malheureusement perdu le secret depuis bien longtemps, l’inflation des budgets ayant entraîné l’inflation narrative.
Par ailleurs, l’influence du génial producteur se fait sentir dans une première partie ayant plus à voir avec le film d’horreur qu’avec le western. La gradation de la menace indienne est subtile. Les auteurs s’intéressent aux effets des attaques et non aux attaques elles-mêmes. L’essentiel de l’action a donc lieu hors-champ, ce qui permet de se focaliser sur les réactions des villageois tout en stimulant l’imagination du spectateur. A ce titre, il est dommage qu’une poignée de contrechamps déplacés percent le mystère un peu trop tôt.
La seconde partie, qui voit tous les survivants retranchés dans l’église affronter des guerriers apaches sortis d’un cauchemar, brille par son inventivité plastique. Le réalisateur argentin cristallise la terreur guerrière dans de saisissants tableaux façon Goya en Technicolor mordoré.
Bref, Quand les tambours s’arrêteront ne manque ni d’originalité ni d’intérêt. Pourtant, je n’y ai pas vu un chef d’oeuvre de la série B, un film de l’acabit des classiques d’Allan Dwan ou Budd Boetticher. La faute à plusieurs conventions mal digérées par les auteurs. La réconciliation des rivaux sous le feu de l’ennemi, l’arrivée deus ex-machina de la cavalerie…jurent avec l’ensemble. Il faut dire que les acteurs de deuxième ordre n’aident pas à incarner ces clichés.
Ainsi, sans prétendre au statut de chef d’oeuvre, Quand les tambours s’arrêteront est un très bon film.
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