En Floride après la guerre de Sécession, le fils d’un couple de fermiers se lie avec un faon.
Cette ligne de synopsis peut laisser imaginer un film niais mais il n’en est rien. Jody et le faon est un récit d’apprentissage parmi les plus âpres qui soient. Dès les plans du début où la sévère mère se recueille sur les tombes de ses enfants décédés en bas-âge, la Mort alimente le récit. Plus tard, la relation entre l’enfant et l’animal naît dans le sang.
Cette dureté, qui correspond à la vie des pionniers décrite par le film, est contrebalancée par la splendeur lyrique avec laquelle sont filmés les décors naturels. Tenant à tourner en Floride, la MGM a mis cinq ans à boucler le film mais le résultat en valut la chandelle. Le Technicolor parmi les plus beaux de l’histoire hollywoodienne et les mouvements de caméra d’une ampleur minnellienne permettent à Clarence Brown de faire des séquences de chasse et de course autant de morceaux de bravoure qui exaltent la communion avec la Nature même si, à certains instants, la musique sirupeuse fait verser ces séquences dans le chromo.
Tant qu’on est dans le rayon des regrets, signalons aussi que Claude Jarman Jr est plus fade et moins émouvant que Dean Stockwell ou Roddy McDowall et que le montage aurait gagné à davantage de concision (même si on comprend qu’il soit difficile de couper des images qui sont plus belles les unes que les autres). Ces réserves empêchent Jody et le faon de se hisser au rang de chef d’oeuvre mais pas au rang de film magnifique et étonnant.