Panic sur Florida Beach (Matinee, Joe Dante, 1993)

Dans une petite ville de Floride au moment de la crise des missiles de Cuba, un réalisateur de films d’horreur présente sa dernière production tandis qu’un ado dont le père militaire va de base en base tente de s’intégrer dans sa nouvelle école…

Cette réjouissante chronique de la vie d’une petite ville de Floride pendant le pic de la guerre froide s’annonçait comme le chef d’oeuvre de Joe Dante. La verve caustique de l’auteur, brocardant ici la paranoïa américaine, est comme toujours compensée par une réelle tendresse pour ses personnages.  On se moque des ridicules exercices d’évacuation scolaire mais on nous fait partager l’inquiétude du jeune héros dont le père marin est parti pour Cuba. Brève et bouleversante, la séquence du super 8 est sublime de nostalgie et d’angoisse feutrée. Rien que pour avoir réalisé cette séquence, Joe Dante ne saurait être négligé. Le début promettait un récit ample.

Malheureusement, les caractères ne sont pas fouillés comme ils auraient pu l’être. Les intrigues sentimentales ou amicales des ados restent assez superficielles quoique donnant lieu à des scènes très touchantes.  Avec la longue séquence de projection qui fait office de dernier acte, le réalisateur se laisse aller à ses péchés mignons que sont la dérision et le fétichisme. Il le fait certes avec du brio à revendre et son film est toujours plein de malice, d’humour et de fantaisie. On passe donc un excellent moment. Mais on ne peut s’empêcher de garder un petit arrière-goût de déception. Jamais peut-être n’aura t-on ressenti aussi pleinement les qualités (inventivité, virtuosité visuelle, justesse de ton) en même temps que les limites du cinéma de Joe Dante (trop de révérence envers les irrévérencieux empêche sa personnalité de s’exprimer pleinement).

Explorers (Joe Dante, 1985)

Trois gamins un peu en marge de leurs camarades d’école construisent un vaisseau spatial.

J’aurais suradoré Explorers si je l’avais découvert à l’âge de 10 ans. Aujourd’hui, les clichés narratifs, le fétichisme de nerd (ha, cette fascination béate pour les ordinateurs) ou encore la dernière partie auto-complaisante et longuette sont autant de réserves que je porte à l’appréciation du film. Celui-ci n’en reste pas moins une réussite grâce à la foi de Joe Dante et son équipe dans ce qu’ils racontent. Foi qui se manifeste notamment à travers un soin artisanal apporté à tous les aspects de la réalisation de l’oeuvre: photo, musique, mouvements de caméra…Tout cela est d’une parfaite élégance.

Dante insuffle un vrai sens du merveilleux à son film et l’excitation des enfants qui s’envolent est communiquée par une mise en scène jubilatoire qui ne verse jamais dans la surenchère. Le discours de l’oeuvre n’est pas aussi immature qu’on aurait pu l’imaginer au début: le rêve doit avoir une fin et permettre de mieux affronter la réalité. C’est assez convenu mais ce n’est pas puéril. Et puis de toute façon, un film qui cite explicitement Thunder road de Bruce Springsteen est un film hautement recommandable…