Dans une cité de la banlieue nord, un chauffeur routier a des problèmes avec son épouse matérialiste et son chef en a avec ses deux adolescentes qu’il élève seul.
En comparant ce film sur un couple de jeunes prolétaires franciliens réalisé par un communiste à Antoine et Antoinette, on mesure combien, en trente ans, le cinéma français est devenu morne. Dans le chef d’oeuvre de Jacques Becker, la prise en compte par le récit des difficultés matérielles des amoureux n’altérait ni le vitalisme de la représentation ni l’impression de chaleur humaine. Certes, le génie étincelant de l’auteur y était pour beaucoup mais l’époque aussi, a changé; sans doute la fin des années 70 fut-elle moins propice à l’espérance que le lendemain de la Libération. Le film de Bernard Paul montre donc avec une certaine acuité les effets de la société de consommation sur un couple et l’aliénation capitaliste mais n’a pas grand-chose à offrir au-delà de sa justesse naturaliste. Même s’il ne force jamais le trait (à l’exception du viol collectif qui arrive comme un cheveu sur la soupe) et même si l’héroïsme final du personnage de Pierre Mondy est inattendu (mais peu crédible), Dernière sortie avant Roissy est globalement plombant.