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A la fin du XIXème siècle, un jeune paysan italien légataire de son riche oncle s’amourache d’une prostituée.
La viaccia est un mélodrame romanesque qui confronte la ville à la campagne, les bonnes gens aux prostituées, la famille au bordel. Les oppositions sont relativement subtiles, les personnages plutôt bien dessinés. A l’exception d’une fin exagérément pathétique, les péripéties sont crédibles. Bref, le film est d’une facture tout ce qu’il y a de plus honorable. Il est simplement dommage qu’elle soit aussi académique. Le style précieux de Bolognini n’a pas encore atteint sa plénitude. Ici, les décors et les costumes sont soignés, la photographie est belle (j’ai songé à la peinture hollandaise devant certaines scènes de rue) mais la rigidité de la mise en scène n’est jamais dépassée, elle ne crée jamais de mélancolie comme dans les quelques grands films que le cinéaste réalisera par la suite (L’héritage). La faute peut-être à une musique banale qui ne donne aucun relief aux images, une musique à l’opposé des bandes originales qu’Ennio Morricone composera pour Bolognini dans les années 70. La faute aussi à des dialogues trop littéraires compte tenu des personnages qui les prononcent. La faute enfin au doublage de Claudia Cardinale, d’une fadeur insultante pour la bella donna.