Un couple de jeunes écrivains pauvres est, chacun à son tour, soumis à la Tentation de Satan.
Autant qu’il incarne l’allégorie, Griffith insuffle une ampleur métaphysique à une histoire de couple. En dehors de la brève introduction qui se passe au Paradis, il y a peu d’effets spéciaux. Esthétiquement, Chagrins de Satan est le contraire de Faust que Murnau réalisait la même année. C’est un film presque réaliste où l’auteur de La rue des rêves déploie son sens du décor expressif (mais pas expressionniste) et de la dramaturgie. Même si le sujet est intimiste, la narration avance par l’action et l’image plus que par les cartons. Le montage parallèle, figure de style griffithienne par excellence, est ici particulièrement adapté pour donner un sens cosmique aux itinéraires de chacun des tourtereaux lorsqu’ils sont séparés. Ce pourrait être lourd, ça ne l’est pas car jamais Griffith ne perd le sens de la précision réaliste qui est aussi le sien. De plus, son trio d’acteurs est excellent. Mention spéciale à Adolphe Menjou qui incarne un Satan d’une tragique et fine complexité.