Toutes ces belles promesses (Jean-Paul Civeyrac, 2003)

Une violoncelliste larguée par son amant médite sur le geste de son défunt père qui a légué une partie de ses biens à sa maîtresse.

La plus efficace des propagandes maoïstes. En effet, on n’a qu’une envie à la vision de ce film: envoyer tout ce petit monde -personnages, acteurs, auteur- à l’usine. Que ces gens hors-sol se rendent comptent des vrais problèmes et arrêtent de nous gonfler avec leurs états d’âme de bourgeois n’ayant rien d’autre à faire pour occuper leurs journées que ressasser leurs souvenirs (platitude programmatique des flashbacks) et débattre de leurs coucheries avec la même profondeur que celle du courrier du coeur d’un magazine féminin (binaire opposition entre la femme « libre » et celle amoureuse d’un con qui la battait). Le tout dans de superbes baraques au bord de la mer. Dès qu’elle ouvre la bouche et qu’on entend son accent des beaux quartiers digne d’une parodie de Valérie Lemercier, on a envie de claquer Jeanne Balibar mais il faut reconnaître que son -joli- minois bardé de tics aurait fait d’elle une excellente actrice de cinéma muet.

Evidemment, on pourrait me rétorquer que l’auteur ne se confond pas avec ses personnages. Problème: le regard posé par Jean-Paul Civeyrac sur ces derniers, aucunement critique, n’est que complaisance. Il n’y a qu’à voir l’hallucinante scène dans le compartiment pour voir tout le mépris de classe qui peut inspirer le réalisateur. Lui qui par ailleurs met plein de grande musique sur ses images; comme si étaler des signes extérieurs de haute culture allait hausser l’intérêt de sa propre mise en scène (en même temps, il aurait tort de se priver d’une telle facilité puisque le public qu’il vise, celui qui préfère Wong Kar-Waï à Allan Dwan, « pense » certainement comme ça). Mise en scène dont il n’y a pas grand-chose à dire si ce n’est que, faute de pouvoir se distinguer autrement, elle entretient le culte de l’inintelligible: photo uniformément trop sombre en intérieur (les extérieurs sont plus lumineux) et diction marmonnée où une réplique sur deux est inaudible.