L’or du Nil/Le trésor des pharaons/L’or des pharaons/La vallée des pharaons/Le masque de Toutankhamon (Marco de Gastyne, 1955)

Un archéologue s’en va fouiller la tombe de Sethi Ier.

Beaucoup de titres présumés pour un film jamais présenté à Paris, projeté subrepticement au festival de Venise juste après La strada et qui serait sorti dans le sud de la France trois ans après. En Cinémascope-couleur, le vieux Marco de Gastyne filme admirablement les palais, sanctuaires et pièces d’art de l’Egypte antique ainsi que les villages des rives du Nil. Le commentaire didactique est fort intéressant. Le problème est la dernière partie du film, lorsque -sous la pression des producteurs Hakim?-, il se pique d’introduire un romanesque qui sonne alors effroyablement faux. Dans ce film, Marco de Gastyne révèle aussi la future Dalida qu’il amena à Paris.

La bête errante (Marco de Gastyne, 1932)

Un homme part chercher de l’or en Alaska pour les beaux yeux d’une femme de la ville.

Des dialogues particulièrement nuls et une mise en scène qui a le statisme et la mollesse typiques des débuts du parlant empêchent ce film d’aventures, au scénario très conventionnel bien que le cadre soit original, de décoller malgré de jolies images enneigées.

 

La merveilleuse vie de Jeanne d’Arc, fille de Lorraine (Marco de Gastyne, 1929)

Les étapes marquantes de la vie de Jeanne d’Arc de l’appel de Domrémy au bûcher de Rouen.

Sorti à la même époque que La passion de Jeanne d’Arc, le film de Marco de Gastyne en est l’antithèse. Contrairement au célébrissime film de Dreyer, il embrasse l’ensemble du parcours de Jeanne et fut tourné dans des décors aussi naturels que son actrice. Entrepris suite à une commande officielle, c’est peut-être le film le plus spectaculaire parmi ceux consacrés à la pucelle d’Orléans. Sa première source d’intérêt réside donc dans l’ampleur des séquences épiques. Long, violent, sanglant et lyrique, le siège d’Orléans rivalise aisément avec ce qui se faisait de plus impressionnant à Hollywood.

De plus, le metteur en scène prend soin de situer ses personnages par rapport aux décors, tous magnifiques. Panoramique vertical sur la cathédrale de Reims et plans larges sur les paysages vallonés de Bourgogne ancrent l’action dans le territoire français. Ce qui est la moindre des choses pour une épopée aussi ouvertement nationaliste. En effet, le scénariste Jean-José Frappa oeuvre à l’édification des foules et se place dans la droite lignée de la légende élaborée par Jules Michelet.

Cependant, la mise en scène de Marco de Gastyne nuance considérablement cette vision un peu simpliste. Le contraste entre ce que disent les cartons -écrits dans une langue superbe- et ce que montrent les images est souvent saisissant. Le cinéaste établit une sorte de dialectique entre la pureté idéaliste (et révolutionnaire!) de la future sainte et les horreurs qu’elle doit se coltiner pour mener à bien sa mission. Il faut voir l’héroïne au milieu de la bataille d’Orléans apeurée, priant de toutes ses forces afin de faire cesser le carnage pour se rendre compte que cette belle illustration de la légende montre aussi, peut-être, la Jeanne la plus humaine de l’histoire du cinéma. La plus fragile en tout cas.

Il faut donc saluer la splendide interprétation de Simone Genevois qui a su fixer l’icône nationale dans un éternel présent en incarnant mieux que personne la jeune fille qu’était avant tout Jeanne d’Arc. S’il s’avère aujourd’hui que La merveilleuse vie de Jeanne d’Arc a nettement mieux vieilli que La passion de Jeanne d’Arc, c’est en grande partie grâce à elle.