Pierre ou les ambiguïtés (Leos Carax, 2001)

Un jeune homme très riche fuit sa famille lorsqu’il rencontre une vagabonde qui affirme être sa demi-soeur…

Lisant le roman de Herman Melville, déséquilibré et incohérent mais gonflé par le lyrisme, la philosophie et l’ironie, je me disais qu’en effet, Leos Carax, pourrait en être un pertinent adaptateur. Las! Ne reste dans ce téléfilm en trois épisodes que la faiblesse de la construction dramatique, rendue encore plus nulle par le changement de contexte spatio-temporel qui obscurcit la relation entre Pierre et la mémoire de son père ou la relation entre Pierre et son cousin. Le sérieux perpétuel qui bascule régulièrement dans le ridicule faute de soubassement narratif, la laideur de la photographie -grisâtre ou obscure- et le jeu limité de Guillaume Depardieu et Katerina Golubeva -systématiquement échevelés pendant trois heures- échouent à donner la moindre consistance aux diverses situations charriées par un récit incohérent. Parfaitement gratuits, des inserts oniriques et une scène porno viennent certifier l’oeuvre d’une griffe « auteur »…Les indulgents pourront sauver de ce naufrage deux ou trois mouvements de caméra qui en jettent et un relatif sens du décor dans les scènes à l’usine désaffectée et dans la forêt.

Pas si méchant que ça (Claude Goretta, 1974)

Son père victime d’une attaque, le fils d’un patron d’une petite entreprise de menuiserie se rend compte de l’état catastrophique des comptes et commence à braquer des banques…

Un joli film, plein de tendresse, parfois émouvant et illuminé par Depardieu à l’époque où il avait la grâce. Cependant, le sujet, riche de potentiel dramatique et politique, aurait nécessité plus de vigueur dans son traitement et de précision dans sa dramaturgie pour aller au-delà de la joliesse.