120, rue de la gare (Jacques Daniel-Norman, 1946)

Après le meurtre de son ancien élève, Nestor « Dynamite » Burma enquête sur une sale affaire…

La première adaptation cinématographique de Nestor Burma fut et demeure une très plaisante réussite. Cette réussite tient essentiellement à la singularité du ton employé par le réalisateur et adaptateur, Jacques Daniel-Norman. En effet, la légèreté de touche va de pair avec la vigueur policière. Les auteurs parviennent à moquer la vanité du héros sans décrédibiliser son enquête. Le début, alors que le spectateur ne sait pas sur quel pied on veut le faire danser, est d’ailleurs assez malaisant. Toutefois, la vitalité du personnage séduit rapidement et excuse son comportement hâbleur dans l’esprit du public. René Dary est ainsi une sorte de cousin parigot du Errol Flynn de Walsh.

Une belle galerie de seconds rôles étoffe le récit, en tête desquels Jean Tielment en judoka des Batignolles, le trop rare Albert Dinan en sympathique truand montmartrois et la jeune Sophie Desmarets en secrétaire impétueuse dont les vifs échanges avec son patron dénotent une influence bien digérée de la comédie américaine. D’une façon générale, les dialogues excellent, tant dans leur écriture -un argot sans concession qui préfigure Simonin et Audiard- que dans le rythme étourdissant avec lequel ils sont débités. Merveille de pétulance, 120, rue de la gare est bien un des joyaux méconnus du polar à la Française.