La condition de l’homme (Masaki Kobayashi, 1959-1961)

Un jeune idéaliste est enrôlé dans l’armée japonaise. Il sera chef d’un camp de prisonnier puis simple soldat puis prisonnier puis soldat à nouveau…

C’est d’abord un des films les plus longs de l’histoire du cinéma. Plus de neuf heures. Quand on entreprend une oeuvre d’une telle durée, il faut que la dramaturgie soit à la hauteur. Malheureusement, le scénario est particulièrement redondant et schématique. Le discours de ce film à la longueur démesurée peut se résumer à « La guerre c’est moche, la cruauté et la tyrannie, c’est mal » . Très intéressant. Et comme le discours est asséné à coups de séquences-chocs délibérément redondantes, La condition de l’homme fatigue vite par sa complaisance. En effet, filmer une demi-douzaines de marches forcées n’en dit pas plus long sur la « condition de l’homme » que de n’en filmer qu’une seule. Certes, tortionnaires et victimes changent et donc cela généralise le discours mais justement: à ne mettre en avant que de vagues thématiques pessimisto-humanistes telles que « il ne faut pas torturer son prochain » ou « l’homme est un loup pour l’homme » sans affiner la singularité de chaque situation,  Kobayashi annihile rapidement le potentiel de sa fiction. De plus, en agissant de la sorte, la pertinence de son discours est réduite à néant puisqu’il ne fait qu’asséner des certitudes sans se confronter à la complexité du réel. Le héros, absolument pur, n’a strictement aucun intérêt dramatique. Il n’est qu’un pantin au service du prêchi-prêcha de l’auteur. Son histoire d’amour qui aurait pu faire respirer le film se retrouve, comme le reste, vite subordonné à un ensemble pesant, cloisonné et démonstratif.

La condition de l’homme est joliment cadré et il y a une poignée de belles séquences (je pense à la reddition finale) mais cela ne nous sauve pas de l’ennui profond (neuf heures putain ! neuf heures !). Que l’on songe à l’élégante complexité des films « à grand sujet » qu’Otto Preminger réalisait à la même époque pour mesurer l’abîme qui sépare le chef d’oeuvre artistique de l’insupportable pensum.

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